Nouvelle série, n°11
2nd semestre 2024 |
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Parler de la pollution atmosphérique dans les médias chinois : entre éloge et distance vis-à-vis de l’action gouvernementale
Dan Yao, Université Bordeaux Montaigne
Etienne Damome, Université Bordeaux Montaigne
Résumé
Fondé sur un mode de développement très polluant, le succès de la croissance économique chinoise a soumis son environnement à une forte pression. Cette étude vise à analyser la couverture médiatique en Chine sur la pollution de l’air. Étant donné l’ingérence de l’État chinois dans le domaine des médias, nous pourrions nous attendre à ce que l’organe d’information publie des nouvelles louant les efforts du gouvernement face aux problèmes de la pollution atmosphérique. Notre analyse montre néanmoins que, bien que les actions des autorités soient fréquentes dans des discours journalistiques, nos deux journaux échantillonnés (Nanfang Dushibao et Xinjingbao) réussissent à offrir des points de vue alternatifs sur l’engagement gouvernemental. À noter, les informations sur les risques de pollution de l’air restent rares et la sensibilisation de la population à la protection de l’environnement est presque inexistante dans les médias.
Abstract
Based on a very polluting mode of development, the success of Chinese economic growth has subjected its environment to strong pressure. This study aims to analyze Chinese media coverage of air pollution. Considering the state interference in the media, we could expect that news organization publishes the news corresponding to the official speeches. Our analysis nevertheless shows that, although the actions of the authorities are frequent in journalistic discourses, our two sampled newspapers (Nanfang Dushibao and Xinjingbao) succeed in offering alternative points of view on government engagement. To note, the information on the risks of air pollution remains rare and awareness raising of environmental protection is almost not present in the media.
DOI : 10.31188/CaJsm.2(11).2024.R089
A
vec la mise en œuvre de la réforme économique de 1978, les changements sociaux et économiques ont été radicaux en Chine. Dans la mesure où cette « usine du monde » a produit une richesse impressionnante, elle a également causé et subi des ravages environnementaux. De nombreux chercheurs ont exploré la gravité et l’ampleur de la crise environnementale en Chine (Smil, 2004 ; Day, 2005 ; Rohde et Muller, 2015 ; Monjon et Poncet, 2018). Néanmoins, peu de travaux sont disponibles sur le traitement médiatique de cette crise dans le pays.
Les médias jouent un rôle fondamental dans la sensibilisation au public des dangers engendrés par la dégradation de l’environnement (Wimmer et Quandt, 2006 ; Tong, 2014). D’ailleurs, basé sur les expériences réussies dans les pays riches d’Europe, d’Amérique du Nord et du Japon, l’un des éléments importants contribuant à la protection de l’environnement est l’exposition des problèmes écologiques dans les médias. Parce que ce dernier permet de susciter un débat public au sujet de l’environnement (Kroeber, 2016 ; Henry, 2016 ; Wang, 2019).
Dans cette étude, nous nous interrogerons donc sur le rôle joué par les médias chinois dans la protection de l’environnement au sein de la société. Les journalistes sensibilisent-ils les citoyens aux risques du déclin écologique sur la santé et à la protection de l’environnement ? Pour répondre à cette question, dans un premier temps, nous nous situerons dans une perspective historique. Nous chercherons d’abord à appréhender la crise écologique en Chine et ses causes. Ensuite, nous nous efforcerons d’identifier les évolutions des reportages liés à l’environnement.
À l’image d’autres thématiques, la médiatisation de l’environnement subit « les attractions et les répulsions des univers économiques et sociaux qui conditionnent le travail journalistique » (Abi Karam, 2013 : 15). Dans un pays où d’une part, la croissance économique reste la priorité nationale par rapport à l’environnement (Llena, 2015 ; Henry, 2016), et où d’autre part, la presse est soumise au contrôle des autorités (Zhao, 1997 ; Tong, 2011 ; Stockmann, 2013 ; Young, 2013), il est intéressant d’examiner le rôle des médias en tant que protagonistes du régime vis-à-vis de la protection de l’environnement. Les discours dans les médias chinois cautionnent-ils la modernisation, ou présentent-ils le développement économique comme la principale cause de la pollution ? Ainsi, dans un deuxième temps, ayant choisi la couverture médiatique sur la pollution de l’air comme objet d’étude, nous scruterons les contenus médiatiques disponibles en Chine, et la façon dont les journalistes dépeignent la pollution atmosphérique. Quelle(s) réalité(s) les organes d’informations exposent-ils au public ? Le rapport entre le pouvoir et les médias influence-t-il le traitement des questions liées à la crise environnementale ? Pour répondre à ces questions, nous entamerons d’un côté l’analyse de contenu des couvertures sur la pollution de l’air présentées dans deux journaux chinois sur le plan chronologique, des sources d’information, de la tonalité et des thématiques dominantes. D’un autre côté, à travers l’analyse de discours, nous explorerons divers enjeux qui pourraient orienter les choix des journalistes dans l’encadrement des questions relatives à la pollution de l’air en Chine.
Une croissance économique et une dégradation environnementale sans précédent
La politique de développement économique lancée par Mao Zedong a conduit la Chine à l’industrialisation et à l’urbanisation à partir de 1949 (Ho, 2006). Et avec la Réforme et l’ouverture (gaige kaifang) présidée par Deng Xiaoping en 1978, ce pays poursuit son chemin vers une modernisation économique. L’année 1992 a été d’ailleurs marquée par la « tournée d’inspection de Deng Xiaoping » (Deng Xiaoping Nanxun) au cours de laquelle une série de ses discours ont encouragé les mesures d’ouverture (Roux et Xiao-Planes, 2018).
Avec le soutien du secteur privé, la transformation des entreprises publiques par le gouvernement, ainsi que l’arrivée massive d’investissements étrangers, cette « usine du monde » a battu des records avec un décollage économique spectaculaire. En 2010, avec une progression de 523 % de son PIB par rapport à 1990 (Kin Chi et Hérion, 2021), la Chine dépassait le Japon et se hissait à la deuxième place des puissances mondiales derrière les États-Unis. Alors qu’elle était encore la dixième économie du monde en 1980 (Maréchal, 2013).
En conséquence, cette modernisation a entraîné une crise écologique inédite liée à l’ignorance des exigences environnementales (Monjon et Poncet, 2018). Ainsi, comme certains chercheurs le décrivent, la croissance chinoise est un processus à haut risque et le statut mondial de la Chine demeure, à plusieurs égards, fragile, notamment à cause du désastre environnemental qu’elle risque d’engendrer (Vermander, 2006 ; Domenach, 2008).
Selon le rapport Indice de développement écologique moderne de la Chine 2021, le pays souffre de sept pollutions principales : pollution de l’air, pollution de l’eau, pollution des déchets, pollution sonore, pollution des sols, pollution radioactive et pollution lumineuse (Liu, 2021). Afin de faciliter notre recherche, nous nous intéressons dans cet article seulement à la pollution de l’air, qui est considérée comme « l’un des problèmes environnementaux les plus urgents en raison de ses impacts sanitaires » (Monjon et Poncet, 2018 : 28).
Depuis 2007, la Chine est devenue le plus important émetteur de gaz à effet de serre (Henry, 2016 ; Maréchal, 2013). En 2013, ont été recensés officiellement plus de 400 « villages du cancer », terme faisant référence à des territoires où des centaines de milliers de paysans sont atteints de la maladie à cause de la pollution de l’air et de l’eau (Le Belzic, 2013). Cette même année, un épisode d’« airpocalypse » (surnom donné par la presse chinoise) a touché certaines métropoles du nord, dont Pékin. Le niveau de concentration en particules fines PM2.5 dans l’atmosphère dépassait de plus de trente fois le seuil préconisé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (Kroeber, 2016 ; Bastianelli, 2021). De nombreux autres exemples sont relatés dans les médias comme dans les recherches. Concernant les causes, la pollution de l’air dans ce pays provient en grande partie de la combustion du charbon ; ce dernier représente plus de la moitié de la consommation d’énergie totale du pays (Lorot, 2007 ; Domenach, 2008 ; Kroeber, 2016 ; Kin Chi et Hérion, 2021).
Face au défi environnemental, la Chine elle-même en est la première victime. Selon Rohde et Muller (2015), 1,2 million de décès prématurés sont dus à la pollution de l’air en 2010, soit presque 40 % du total mondial. Les études de Deschenes et de ses collègues (2020) ont démontré d’ailleurs que l’impact de la pollution de l’air a un effet significatif sur l’obésité en Chine.
La situation écologique est trop préoccupante pour que les autorités l’ignorent (Kin Chi et Hérion, 2021). Au fil des ans, le pouvoir central cherche toujours à se présenter comme le seul garant de la lutte contre la pollution (Monjon et Poncet, 2018). Par rapport au développement « ascendant » des mouvements étrangers de protection de l’environnement, dirigés principalement par des ONG, ceux de la Chine suivent essentiellement le modèle « dirigé par le gouvernement » (Wang, 2011 ; Kroeber, 2016). Les autorités ne sont pas seulement décideur des politiques et des réglementations, mais aussi exécutant, gestionnaire, superviseur, et propagandiste de la protection de l’environnement (Wang, 2011). De ce fait, l’État assume presque toutes les responsabilités en matière de protection de l’environnement.
Pourtant, malgré la mise en place d’une multitude de lois, de déclarations et de règlements, le système de contrôle de la pollution est resté un échec jusqu’au milieu des années 2000 (Henry, 2016 ; Monjon et Poncet, 2018). En fait, bien que la croissance ait entraîné un désastre environnemental, dans le discours sur la modernisation en Chine, « la “décroissance” est presque impensable » (Kin Chi et Hérion, 2021 : 152). Ainsi, dans le système de promotion des cadres dirigeants, la priorité reste toujours la croissance économique, ce qui amène les gouvernements locaux qui appliquent les lois et les règles à accroître les ressources de leurs territoires en accentuant la production industrielle au détriment de l’environnement.
Les journaux et journalistes chinois
Dans son livre largement cité, le sociologue allemand Beck (1992) écrit que les médias sont des sources principales d’information des risques pour le public et des acteurs principaux dans la définition du risque. Avant de décrypter comment les journaux chinois rapportent la pollution de l’air en Chine, il nous semble important de remettre en question la place des médias dans la société afin de connaître les contraintes institutionnelles qui pèsent sur le travail journalistique.
On distingue deux types de journaux : les commerciaux et ceux du Parti communiste chinois (PCC) (Peter, 2019). En 2013, parmi les 1 915 titres, à peu près 400 relevaient de la presse du Parti, soit un total de 20 % environ (Xu et Wang, 2019). Une grande partie des informations diffusées proviennent de Chine Nouvelle (Xinhua She) – l’agence de presse officielle de la Chine, qui produit des articles relatant les communiqués accrédités par le Parti (Young, 2013 : 9). La diffusion de ce type de presse repose largement sur les abonnements souscrits par les administrations et les entreprises publiques (un moyen de subvention indirecte) et ces journaux jouent principalement le rôle de porte-paroles du pouvoir (hou she) (Peter, 2019 : 49).
Les journaux commerciaux, de leur côté, se financent auprès du public et des annonceurs (Peter, 2019). Cependant, ils ne sont pas totalement indépendants dans la rédaction du contenu : l’intervention du pouvoir y est régulière. Des instructions sont relayées par diverses structures, surtout quand surgissent des événements sensibles aux yeux des autorités centrales ou locales, tels que des scandales ou des protestations de citoyens (Brady, 2008 ; Arifon, 2012 ; Stockmann, 2013). Ainsi, ces titres ont dû conquérir des parts des marchés tout en respectant la ligne du Parti (Yan, 2004). Dès lors, « soyez obéissants et gagnez de l’argent » est devenu le credo de certains dirigeants de journaux (Peter, 2011). Ce système de presse dual est qualifié par Zhao (1997) de « propaganda/commercial model ». Pourtant, en l’absence de directives, ces instances médiatiques peuvent suivre les demandes du marché (Stockmann, 2013), tout en évitant les sujets tabous comme les questions liées à la religion, aux conflits entre les Hans (ethnie principale chinoise) et de nombreuses minorités ethniques du pays, ainsi que toutes les critiques en matière de droits de la personne (Young, 2013).
Bien que les concepts journalistiques et l’éthique professionnelle enseignés en Chine aient beaucoup en commun avec ceux enseignés dans les écoles de journalisme occidentales (Lupano, 2017 ; Weston, 2010), les professionnels chinois exercent leur métier dans des situations précaires sans garantie de la liberté d’expression. La discipline de la propagande influence plus ou moins leur conception du métier. De ce fait, il y a de bonnes raisons de penser que les journalistes chinois n’ont pas d’autres choix que de renoncer à leur ambition professionnelle.
Toutefois, les professionnels travaillant pour des médias commerciaux exploitent la situation à leur avantage et cherchent à dénoncer des scandales tout en explorant les limites possibles (Peter, 2019 : 49). Comme le remarque Ying Chan (2010 : 2), « contrairement aux stéréotypes étrangers, les journalistes chinois poussent le bouchon pour découvrir le mal, ils partagent avec leurs collègues du monde entier le même sens de la mission. Mais ils travaillent dans un environnement difficile, voire hostile ». Dans un tel contexte, les journalistes chinois intériorisent le dualisme entre l’« objectivité » et la fidélité au Parti.
Dans cette recherche, nous avons décidé de ne pas choisir le journal du Parti, parce qu’à travers la revue de littérature, nous savons que ce dernier est seulement le porte-parole de l’État-parti. Nous espérons pourtant trouver d’autres discours possibles dans les journaux commerciaux.
Le journalisme environnemental : du vert clair au vert foncé
L’exposition médiatique de la crise environnementale n’est pas un tabou en Chine et elle est en grande partie tolérée. Ceci pour une raison principale : en donnant à la population l’illusion d’une liberté de la presse, le pouvoir central cherche à lui communiquer sa détermination et sa capacité à résoudre les problèmes écologiques (Tong, 2011 ; 2014). Les reportages sur des sujets environnementaux, en particulier ceux traitant des punitions infligées aux responsables de ces problèmes, servent cet objectif (Tong, 2014 ; Kroeber, 2016).
Le développement du journalisme environnemental en Chine est favorisé d’abord par le mouvement international de protection de l’environnement. En 1972, la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain est tenue à Stockholm, montrant l’éveil du monde aux questions écologiques. L’impact direct sur la Chine a été la création de la revue professionnelle Protection de l’environnement (Zhang, 2007).
En 1984, la protection de l’environnement est inscrite dans les politiques nationales de la Chine. Le premier journal professionnel sur la protection de l’environnement est né la même année : China Environment News. Selon Chen (2009), la publication d’une revue spécialisée sur les questions environnementales signifie sans aucun doute la formation définitive d’un champ de reportage indépendant. D’ailleurs, divers journaux et magazines ont successivement ouvert des rubriques consacrées à l’écologie à cette période (Li, 2020).
En 1987, à la suite de l’incendie de forêt le plus grave depuis la création de la nouvelle Chine1, une série de reportages publiés dans Zhongguo Qingnianbao a eu un grand retentissement. Pour la première fois, les journalistes attribuaient les catastrophes naturelles à des problèmes institutionnels (Jia, 2014) : « La raison pour laquelle les catastrophes naturelles causent de lourdes pertes et se transforment en catastrophes majeures est causée par la bureaucratie, l’insensibilité, l’irresponsabilité et le commandement aveugle qui viole les lois scientifiques2. » Pourtant, à cette période, la plupart des médias ne réfléchissaient pas profondément aux problèmes environnementaux (Li, 2020). Ils se contentent d’une part de diffuser des informations sur l’état de la pollution, les moyens mis en œuvre pour lutter contre ce fléau ; et d’autre part d’inciter le public à protéger l’environnement (Chen, 2009). Ainsi, certains chercheurs chinois qualifient cette époque de « vert clair3 » du journalisme environnemental (Xiao, 2005 ; Wang, 2008 ; Chen, 2009).
En 1993, une campagne à grande échelle sur la protection de l’environnement Tour du siècle de la protection de l’environnement en Chine (Zhonghua Huanbao Shijixing), organisée conjointement par le Comité de protection de l’environnement de l’Assemblée populaire nationale et 14 départements nationaux, a été lancée. À cette occasion, chaque année des thèmes sont établis. Les journalistes de divers médias centraux se déplacent dans différents lieux pour traiter de sujets liés à l’écologie.
Désormais, les professionnels ont commencé à utiliser consciemment le pouvoir des médias pour éveiller la conscience environnementale du public et tenter d’influencer la prise de décision du gouvernement. Selon des statistiques, de 1993 à 2002, grâce au travail des journalistes et la publication des reportages, le gouvernement et les départements concernés ont été poussés à résoudre plus de 20 000 problèmes environnementaux (Zhang, 2007). Nous voyons donc que l’exposition des problèmes écologiques dans les médias a connu une expansion au cours des années 1990 par rapport à la décennie précédente.
Au 2le siècle, l’environnement est l’objet d’une attention sans précédent de la part de la société civile et du gouvernement. Plus de 7000 ONG environnementales étaient recensées à la fin de 2012. D’ailleurs, depuis le milieu de la première décennie, une série de lois ont été promulguées, accompagnées de punitions de plus en plus sévères. Ce qui semble apporter garantie et légitimité au traitement des sujets écologiques par les journalistes. Les médias traditionnels et nouveaux produisent fréquemment des articles abordant les problèmes de pollution.
Selon l’étude de Xu (2009), entre 1978 et 1988, il y a eu au total 524 articles liés à l’environnement dans le journal officiel du parti – Renmin Ribao, soit 48 par an. Alors qu’entre 1999 et 2008, ce chiffre est de 1133, soit 113 articles par an. Pourtant, la fréquence des reportages varie selon l’événement. Par exemple, entre 2000 et 2011, bien que le nombre total de couvertures médiatiques augmente en raison de la fréquence des crises écologiques, l’écart du nombre annuel d’articles dans Zhongguo Qingnianbao est important (Wang, 2013). Ainsi, comme le concède Jia (2014), le journalisme environnemental en Chine se confronte à plusieurs défis ; l’un d’eux est que la couverture des problèmes environnementaux n’est qu’événementielle, se focalisant sur des incidents environnementaux et se déroulant sur des périodes spécifiques.
Selon la même auteure, un autre défi est que les reportages environnementaux sont commandés dans le cadre de la propagande : « Lorsque des problèmes environnementaux sont découverts, ils sont critiqués et rapportés sous la direction du comité du parti. » (Jia, 2014 : 170) Dans la mesure où la couverture de la crise environnementale est devenue un domaine restreint, il n’est pas étonnant que les reportages soient biaisés. Cela a été confirmé par certaines recherches. Par exemple, selon l’étude de Wenchao, dans les reportages sur l’environnement entre le 5 janvier 2015 et le 31 décembre 2016, la rubrique Éco de Renmin Ribao montre surtout les réalisations exceptionnelles en matière de protection écologique et environnementale du gouvernement. D’ailleurs, à travers une comparaison entre les médias norvégiens, chinois et ghanéens, Midttun et ses collègues (2015) constatent que la presse chinoise donne plus la parole aux politiciens et aux fonctionnaires par rapport aux médias des deux autres pays. Pourtant, en analysant les reportages sur une série d’explosions dans l’usine pétrochimique de Jilin en 2005, Tilt et Xiao (2010) soulignent le fait que les discours dans les médias chinois ne sont pas homogènes. Par exemple, face à cet événement, CCTV (télévision nationale) a diffusé des nouvelles révélant et condamnant une dissimulation majeure du gouvernement. Ce qui nous permet de penser qu’il existe un journalisme environnemental « vert foncé4 ».
Cadre méthodologique
Rappelons que l’objectif principal de notre recherche est d’analyser comment les médias chinois traitent le sujet de la pollution de l’air. Le cœur de notre travail se situe donc au niveau du texte de la presse.
Analyse de contenu et analyse de discours comme méthodes de travail
La première méthode retenue pour réaliser notre étude est l’analyse de contenu. Selon Grawitz (1981), cette méthode permet d’objectiver des données textuelles et de dégager des tendances dominantes. Elle est donc incontournable pour obtenir une vue d’ensemble sur la fréquence des sujets abordés ainsi que d’autres aspects saillants. De Bonville (2006) souligne d’ailleurs que l’analyse de contenu ne saurait s’inscrire seulement dans le contenu manifeste, mais nécessite l’« inférence » qui relie les messages à leur contexte de production. Après avoir calculé la fréquence, il est important de fournir descriptions, commentaires et interprétations.
Pourtant, la simple visibilité ne nous permet pas d’avoir une compréhension globale du traitement médiatique de la pollution atmosphérique en Chine. Il nous semble essentiel de combiner l’analyse de contenu avec l’analyse de discours. Cette dernière consiste à « étudier un document dans son articulation au contexte et aux conditions sociohistoriques dans lequel il est produit » (Damome et Equoy Hutin, 2016). Dans cette optique, l’analyse de discours nous permet de décrypter les idéologies et le pouvoir à travers le texte.
Corpus
Selon le dernier recensement officiel de 2020, il y a 1851 journaux en Chine5. Ayant pris en considération différents facteurs, nous avons décidé d’en choisir deux commerciaux réputés pour leur esprit critique dans deux régions différentes6 : Nanfang Dushibao et Xinjingbao.
Nanfang Dushibao est créé en 1997 et diffusé principalement dans la province de Guangdon. Il est l’un des quotidiens les plus critiques et les plus réputés pour le journalisme d’investigation (Tong, 2011). En 2018, il a été élu dans le « Top 100 des journaux » en Chine.
Fondé en 2003, Xinjingbao est distribué principalement dans la municipalité de Pékin. Il est considéré comme journal commercial en raison de son indépendance financière et de son orientation vers le marché (Lupano, 2017). En 2018, il a été également cité dans le « Top 100 des journaux » en Chine.
Concernant les périodes, nous avons décidé de choisir deux cycles de référence : les années 2015 et 2019. En 2015, la Chine a mis à disposition des données horaires sur la pollution atmosphérique de plus de 1500 sites (Rohde et Muller, 2015) et Pékin a émis, pour la toute première fois, une alerte rouge à la pollution de l’air (Yu et Yi, 2018 ; Zhao, 2021). L’année 2019 est choisie pour faire une comparaison. Selon 2019 World Air Quality Report, la qualité de l’air dans de nombreuses grandes villes chinoises y a connu une amélioration cette année. Pékin a ainsi annoncé en 2019 avoir atteint son plus bas niveau de pollution par rapport aux sept années précédentes7.
Afin de constituer le corpus de cette étude, les mots clés « 大气污染 » (daqi wuran, pollution atmosphérique), « 空气污染 » (kongqi wuran, pollution de l’air), « 大气 污染 » (atmosphère ET pollution « 空气 污染 » (air ET pollution) ont été utilisés pour effectuer notre sélection d’articles. Après avoir eu recours au site Wisers (www.wisers.com), 238 articles ont été trouvés selon les critères suivants : ils sont publiés dans les deux journaux papier ; ils font référence de manière explicite, dans leur titre ou contenu, au sujet de la pollution atmosphérique en Chine8.
Résultats du contenu de la presse
La tendance chronologique, les sources d’information, la tonalité vis-à-vis des actions du gouvernement ainsi que les thématiques dominantes relatives à la pollution atmosphérique en Chine sont analysées quantitativement et qualitativement ci-dessous. Pour chaque catégorie étudiée, les deux journaux sélectionnés présentent plus de similitudes que de différences.
Récurrence de la couverture de la pollution de l’air
La sélection manuelle des articles a conduit à un total de 102 articles pertinents dans Nanfang Dushibao, dont 73 en 2015, 29 en 2019. Concernant Xinjingbao, avec 136 reportages au total, 98 articles recensés dans la première période et 38 dans la deuxième.
Deux tendances ont pu être observées. Tout d’abord, Xinjingbao publie plus d’articles que Nanfang Dushibao dans chacune de ces deux périodes. Cela peut s’expliquer par une pollution atmosphérique plus importante à Pékin et ses alentours que dans la région où Nanfang Dushibao est diffusé. Ensuite, les publications en 2015 sont beaucoup plus nombreuses qu’en 2019. Cela semble cohérent avec ce que nous avons expliqué plus haut : la Chine a subi une dégradation de l’air assez grave en 2015, alors qu’en 2019, elle a pu profiter d’une amélioration.
Ton vis-à-vis des actions du gouvernement
Les discours dans les médias chinois cautionnent-ils les actes des autorités face à la pollution ou critiquent-ils l’inaction ou l’insuffisance d’action du gouvernement ? Les tonalités de la couverture se répartissent en trois catégories : positive, neutre et négative. Le ton positif dépeint les autorités de manière favorable et contribue à leur donner une bonne image (réduction de la pollution de l’air grâce aux efforts du gouvernement). Le ton négatif émet des critiques et tend à façonner une image défavorable du gouvernement (inaction ou action insuffisante du gouvernement). Les reportages avec une description factuelle ou ceux combinant à la fois une tendance positive et négative sont désignés comme étant neutres dans notre étude.
Figure 1. Répartition des articles en fonction du ton
À première vue, nous pouvons constater que les deux organisations médiatiques cherchent à rester neutres lors de leur traitement de l’engagement du gouvernement face à la pollution atmosphérique. C’est-à-dire que la plupart des articles ne cherchent ni à critiquer les actions du gouvernement ni à louer ses efforts. Ceci semble relativiser l’idée que les autorités politiques influencent considérablement les contenus. D’ailleurs, les quelques articles qui affichent un ton négatif nous montrent une opposition possible au discours officiel au sujet de la crise environnementale dans un pays où les médias subissent de nombreuses contraintes.
Sources mobilisées
Le recours journalistique aux discours extérieurs est régulier ; leur insertion participe à la légitimation de ce que disent les journalistes et améliore la crédibilité de l’information (Dijk, 1988 ; Maingueneau, 2007 ; Ringoot, 2014). L’analyse des types d’acteurs et de sources citées dans la couverture médiatique permet de montrer « comment le pouvoir social s’exprime à travers et avec les médias de masse » (Hansen, Cottle et al., 1998). À travers la lecture attentive de notre corpus, nous avons identifié six sources dans les reportages : sources institutionnelles, experts, personnes d’entreprises, ONG, public et médias.
Table 1. Nombre de sources citées
D’emblée, nous pouvons remarquer que la parole est donnée à une multitude de sources dans les deux journaux, ce qui signifie que les journalistes cherchent à partager des perspectives variées. Pourtant, ils privilégient tous la mobilisation des sources institutionnelles, qui constituent plus de la moitié des références au total. Ces dernières sont citées principalement pour montrer les initiatives politiques, les mesures de protection de l’environnement, ainsi que les efforts du gouvernement face à la pollution. Ce faisant, ces sources jouent vraisemblablement le rôle des « définisseurs primaires » (Ringoot, 2014) en commentant les événements environnementaux et en interprétant les politiques et mesures environnementales dans l’actualité.
Au deuxième rang, les journalistes se réfèrent à des explications fournies par des spécialistes, des universitaires ou des médecins pour mettre en lumière leurs points de vue sur la cause de la pollution, les solutions possibles ainsi que les impacts sur la santé publique. L’accent mis sur les experts reflète le professionnalisme des nouvelles environnementales et la volonté des journalistes de mieux expliquer les problèmes au public.
Il est fréquent de lire des témoignages de citoyens expliquant les impacts de la pollution sur leur santé, et parfois sur leur vie quotidienne (fermeture d’école). Pourtant, les paroles des témoins ne sont guère valorisées. Il est intéressant de se demander si c’est la santé du public qui n’est pas essentielle dans l’agenda des médias ou si les instances médiatiques essaient d’apporter une attention minime à ce sujet pour ne pas provoquer la panique face aux directives des autorités.
Si les entreprises sont en quelque sorte responsables de l’aggravation de la pollution de l’air, elles ne sont pourtant pas des acteurs importants dans les actualités environnementales. Cela pourrait s’expliquer par le fait qu’elles garantissent le développement économique du pays ; leur rôle ne peut pas être remis en cause. Pourtant, dans notre échantillon, les responsables d’entreprises expriment qu’ils doivent faire face à des pressions économiques liées à la fermeture de leurs usines pollueuses ou au prix élevé d’installation de traitement des émissions polluantes. Ces acteurs semblent donc être des victimes du système.
Enfin, si les médias chinois sont cités pour fournir des informations complémentaires, les ONG environnementales ont été le moins mentionnées dans ces deux journaux. Cela semble confirmer que les ONG n’occupent pas une place importante dans les médias (Henry, 2016).
Thématiques dominantes
Pour montrer de quoi parle exactement le contenu de la presse, la dernière catégorie que nous analysons est la thématique. En examinant notre corpus, quatre thématiques principales sont mises en évidence par les deux titres : les actions du gouvernement ; l’existence de la pollution et ses causes ; leurs impacts sur la santé ; les contestations et propositions envers les autorités. Après une entrée quantitative, nous décrypterons les contenus concrets à travers une analyse qualitative.
Table 2. Répartition des thématiques
Tout d’abord, cette table nous révèle, à chaque période et dans ces deux journaux, la forte récurrence de la première thématique que nous avons repérée, c’est-à-dire les actions des autorités face à la pollution de l’air. Les politiques et les mesures mises en place par le gouvernement sont mises en valeur. Cela n’est pas étonnant. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les autorités se portent comme les seuls garants de la protection de l’environnement et en assument toutes les responsabilités. Ainsi, les journaux se contentent essentiellement de rapporter les actions de l’État chinois :
Ces dernières années, la ville de Linfen s’est concentrée d’une part sur l’ajustement de la structure industrielle et d’autre part sur le contrôle de la pollution environnementale, de sorte que la qualité environnementale de Linfen s’est améliorée d’année en année (Xinjingbao, 7 août 2019).
La deuxième thématique la plus traitée est la réalité de la pollution de l’air et ses causes. Les médias n’ont pas nié la gravité des problèmes environnementaux (concentration des polluants dépassant le seuil d’alerte, pollution durant une centaine de jours, etc.). Les causes de la pollution sont aussi mentionnées. Pourtant, la causalité entre les activités industrielles et la pollution atmosphérique s’efface au profit d’une focalisation sur la circulation automobile, le climat défavorable et l’explosion des feux d’artifice pendant les fêtes :
Le temps en automne et en hiver est sec et moins pluvieux, et les polluants locaux ne se propagent pas facilement, ce qui entraîne une moins bonne qualité de l’air en automne et en hiver qu’au printemps et en été (Nanfang Dushibao, 22 août 2019).
Concernant la troisième thématique – les impacts sur la santé – elle est davantage traitée dans la première période dans ces deux quotidiens. Cela est compréhensible : un quart de la Chine subit une pollution de l’air grave cette année ; dans la mesure où le pays avait déclaré sa toute première alerte rouge, les journalistes n’hésitent pas à chercher les impacts de la pollution. Sans donner des chiffres précis sur la mortalité, les articles montrent seulement qu’il y a un lien entre pollution et santé publique :
« Au cours des deux ou trois dernières années, le nombre de cas hospitalisés de maladies respiratoires chez les personnes âgées a considérablement augmenté. », déclare Zhou Yuqi… Cela a beaucoup à voir avec le déclin de la fonction humaine causé par la pollution de l’environnement (Nanfang Dushibao, 24 décembre 2015).
Enfin, la dernière thématique concerne des contestations et propositions vis-à-vis des actions des autorités. Elles sont exprimées en grande partie dans les commentaires rédigés par des contributeurs indépendants et des éditoriaux dans ces deux journaux, soit 29 sur 42 articles traitant ce sujet. Les auteurs mettent en cause, par exemple, une réelle responsabilité du gouvernement dans le processus de lutte contre la pollution de l’air, ou demandent une transparence des informations concernant la qualité de l’air. Ainsi, des propositions sont formulées dans les articles, telles que la nécessité d’appliquer strictement les mesures de réduction des émissions et de former un système de gouvernance régionale efficace :
Quelles entreprises zombies sont responsables du smog ? Le gouvernement local doit donner au public un compte rendu clair et annoncer le calendrier d’élimination, au lieu de permettre à ces sociétés zombies cachées de continuer à « sucer le sang et diffuser du poison » (Xinjingbao, 4 décembre 2015).
Enfin, mis à part des propositions du gouvernement, nous avons trouvé deux articles qui prodiguent des conseils à la population pour réduire l’utilisation des feux d’artifice pendant les fêtes et des véhicules au quotidien.
Discussion : un débat possible au sujet de l’environnement ?
Notre étude visait à montrer comment les médias chinois exposent le problème de la pollution de l’air dans leur pays. Elle confirme et développe la littérature existante sur les études médiatiques au sujet des questions environnementales.
Comme l’État chinois ne fait pas de la crise environnementale un sujet sensible, le débat au sujet de la pollution de l’air est devenu possible dans les médias. Les résultats quantitatifs de notre analyse montrent que les publications sont plus nombreuses en 2015 qu’en 2019 et que les quotidiens situés dans les régions les plus pollueuses diffusent plus d’informations. Cela confirme l’événementialité médiatique liée à l’environnement en Chine (Jia, 2014). L’intérêt des journalistes est suscité lorsque les pollutions sont devenues visibles.
Concernant les sources mobilisées, les deux quotidiens ont tous privilégié l’attribution de la parole aux sources officielles et aux élites sociales chinoises. En conséquence, le discours dans la presse qui « colle » au discours officiel semble fournir un cadre interprétatif de l’information qui conforte les autorités.
Au sujet des thématiques dominantes, ces deux organisations médiatiques échantillonnées mettent en avant les actions du gouvernement face à la pollution atmosphérique. Ainsi, comme Stockmann (2013) le remarque, dans les régimes à Parti unique, même les médias commerciaux favorisent la stabilité du régime en mettant en valeur son engagement dans la résolution du problème.
Concernant les causes de la pollution, les deux quotidiens soulignent davantage les influences de la circulation automobile et du climat défavorable, au lieu de les imputer aux activités industrielles. Dans un pays où la modernisation économique est la priorité nationale pour financer son « rêve chinois », cela semble estomper le conflit entre l’économie et l’environnement. Ainsi, nous pourrions peut-être dire que les discours médiatiques dans les médias chinois cautionnent la modernisation au lieu de présenter le développement économique comme cause de la pollution.
En ce qui concerne les impacts de la pollution sur la santé publique, le rôle des médias chinois dans leur exposition reste pourtant insuffisant. Selon Wachinger et ses collègues (2013), les médias ont une forte capacité à influencer le jugement des personnes au sujet des risques de la dégradation de l’environnement ; plus les gens connaissent de risques, plus ils savent que les conséquences pourraient être graves.
Dans les deux journaux que nous avons choisis, les journalistes ont cherché à montrer qu’il y a un lien entre la pollution de l’air et la santé publique. Mais ils n’en ont pas exposé la gravité. Une hypothèse face à ce choix peut être avancée : même si les autorités acceptent que certaines informations critiques paraissent dans les journaux, elles craignent pourtant une trop grande exposition des problèmes sociaux pouvant conduire à l’instabilité sociale (Tong, 2011). De ce fait, le choix des journalistes est peut-être le résultat de l’ingérence des autorités, mais plus sûrement de l’autocensure. Car, même si, ces deux journaux commerciaux assez audacieux émettent aussi des critiques envers les actions du gouvernement dans leurs commentaires et éditoriaux, ceux-ci restent dans les limites permises par le Parti.
En guise de conclusion, dans un pays où l’État pratique la censure de manière institutionnalisée (Salmon, 2013), les médias sont soumis au pouvoir et diffusent davantage d’informations conformes à la ligne officielle. Pourtant, sur les problèmes environnementaux, bien que les actions du gouvernement soient au centre du discours médiatique, l’intervention du pouvoir est relativement peu présente. En permettant à des contributeurs indépendants d’exprimer des points de vue controversés, les deux instances médiatiques échantillonnées présentent des points de vue alternatifs. Cela n’est pas négligeable et nous confirme qu’un certain débat est possible dans le système médiatique chinois étroitement contrôlé. Ainsi, il est possible de comprendre la grande popularité de ces deux titres.
Enfin, un point essentiel est à relever. D’après Wang (2019), la communication d’informations a une relation étroite avec la construction de la culture de protection de l’environnement. Cette première peut influencer les idées des gens en diffusant des informations sur ce sujet, entraînant par la même occasion un changement dans leurs comportements. Pourtant, dans la couverture médiatique sur la pollution de l’air en Chine, les journalistes ont valorisé les actions du gouvernement au détriment des actions que les citoyens peuvent mettre en œuvre, relayées uniquement par deux articles dans notre corpus. De fait, pour qu’un pays pollueur comme la Chine puisse réduire les pollutions, il est primordial que tous les acteurs de la société agissent ensemble (autorités, médias, population, entreprises). Dans cette optique, la presse chinoise pourra jouer un rôle important dans la sensibilisation de la population à la protection de l’environnement.
Dan Yao est chercheure associée au laboratoire de recherche MICA,
Etienne Damome est professeur à l’Université Bordeaux Montaigne
et responsable de l’axe Médias, cultures et sociétés du MICA UR 4426.
Notes
1L’incendie dans les montagnes du Grand Khingan en mai 1987 a ravagé 870 000 hectares de forêts, faisant 213 morts, 226 blessés et plus de 50 000 sans-abris (Gao et Song, 1990).
2Traduction de l’auteur, du chinois : « 自然灾害之所以造成重大损失,扩大为重大灾难,是官僚主义、麻木不仁、不负责任、违反科学规律瞎指挥造成的 ».
3D’après Zhu (2002), le concept du journalisme environnemental « vert clair » consiste à parler seulement de l’environnement ; le rapport entre crise environnementale et mode de développement humain et industriel est peu traité.
4Selon Zhu (2002), le concept du journalisme environnemental « vert foncé » consiste à relever que les causes des problèmes environnementaux sont dues au développement, au mode de vie et de la civilisation industrielle. Il préconise la nécessité, la prévention et l’amélioration de l’environnement en introduisant l’innovation et la réforme de la civilisation humaine.
5Administration nationale de la presse et des publications (2020). Rapport d’analyse de l’industrie de la presse et des publications de 2019. Administration nationale de la presse et des publications.
6Les villes du nord de la Chine sont globalement plus touchées par la pollution de l’air, ainsi, nous en avons choisi un situé dans le nord et l’autre dans le sud-est.
7En 2019, la qualité de l’air à Pékin était la meilleure depuis sept ans. Site du gouvernement chinois [en ligne] gov.cn, 04.01.2021.
8Les reportages qui ne consacrent pas de manière significative au moins un paragraphe à la pollution de l’air ou rapportent la pollution atmosphérique d’un autre pays ont été éliminés.
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Référence de publication (ISO 690) : YAO, Dan, et DAMOME, Etienne. Parler de la pollution atmosphérique dans les médias chinois : entre éloge et distance vis-à-vis de l’action gouvernementale. Les Cahiers du journalisme - Recherches, 2024, vol. 2, n°11, p. R89-103.
DOI:10.31188/CaJsm.2(11).2024.R089