Nouvelle série, n°7 2nd semestre 2021 |
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DÉBATS |
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ÉDITORIAL
« … et de l’information »
Amorcée lors du précédent numéro, la réorganisation des Cahiers se traduit aujourd’hui par une coalition éditoriale enrichie de nouveaux partenaires et d’un nouveau conseil, mais aussi par l’élargissement explicite de son objet aux multiples facettes de l’information des citoyens.
S
i elles se signalent d’abord sur ses deux premières pages, les évolutions que concrétise ce numéro des Cahiers ont chacune vocation à se refléter à l’avenir dans l’ensemble de son contenu. La première tient à la communauté élargie de personnes et d’organisations francophones désormais rassemblées autour de la revue. En devenant partenaires de celle-ci, trois équipes universitaires, et non des moindres1, viennent conforter ses capacités éditoriales et contribuer à son développement. Ce numéro est aussi le premier publié sous l’égide du tout nouveau conseil éditorial des Cahiers, élément important de leur dynamique aux côtés d’un comité de rédaction à peine moins récent.
L’autre changement notable réside dans la mention qui complète dorénavant l’identité de la revue : Les Cahiers du journalisme et de l’information. Le choix de cette précision peut paraître anodin, mais il ne l’est pas. Et ce n’est pas vraiment un choix, plutôt une nécessité contemporaine.
Un quart de siècle plus tôt, lors de la fondation des Cahiers, leur accoler un tel complément aurait semblé incongru, presque tautologique. À tort ou à raison, l’idée que l’information des citoyens leur provenait essentiellement du travail des journalistes – voire de leur « monopole », déplorait alors Bourdieu – semblait aller assez de soi pour se passer d’autre considération. Mais si leur titre a échappé à une possible tautologie, c’était pour glisser de décennie en décennie vers une métonymie certaine, la partie pour le tout. On a assez répété que les technologies de l’information multiplient les sources auxquelles les citoyens puisent leur vision du monde pour qu’il ne soit pas nécessaire de le rappeler. On se tromperait cependant si l’on voyait dans cette adjonction au nom de la revue un signe d’affaiblissement de sa conviction selon laquelle le journalisme est non seulement promis à perdurer mais aussi qu’il constitue autant qu’avant, et peut-être mieux qu’avant, la voie essentielle de l’information dans la société.
Mais s’il demeure clairement au centre de l’attention des Cahiers, ce journalisme, dont le périmètre n’a cessé de s’étendre et de se diversifier, peut moins que jamais être détaché de l’ensemble de la sphère hétérogène au sein de laquelle les individus perçoivent et s’échangent connaissances et croyances sur l’actualité. Outre que c’est bien l’information du public, condition première de la démocratie, qui est en soi la raison d’être de ce métier et celle de la revue, les phénomènes non journalistiques qui l’enrichissent ou la dégradent sont devenus une préoccupation majeure pour les professionnels eux-mêmes, et leur compréhension un élément de leur professionnalisme : comment espérer délivrer une information sans avoir conscience de tout ce qui conditionne aujourd’hui sa réception ?
Ce n’est pas si nouveau : le lecteur, l’auditeur, le téléspectateur et plus tard l’internaute ont toujours déterminé le traitement de l’actualité (« écrivez pour votre lecteur », répètent inlassablement les formateurs et les manuels). Mais de nombreuses recherches, confirmées par les témoignages tout aussi nombreux de professionnels, ont montré que les rédactions connaissaient en réalité très mal ceux et celles à qui elles s’adressaient. Or, les compteurs de pages vues sont loin de suffire pour comprendre les publics à une époque de fragmentation accrue des pratiques culturelles et des convictions idéologiques. De même que l’observation des sources d’information « légitimes » est loin de suffire pour comprendre les acteurs et les forces qui s’affrontent dans la diffusion de l’actualité.
Qu’elles portent sur les personnes ou sur les structures, qu’elles relèvent de la psychologie ou de la sociologie (pour ne citer qu’elles puisque la liste serait longue), bien des recherches peuvent contribuer à éclairer la sphère du débat public – et à éclairer du même coup les professionnels qui alimentent celle-ci – sans pour autant viser directement les pratiques journalistiques en tant que telles. Cela allait probablement sans dire, mais le complément apporté à notre titre honore aussi un vieil adage professionnel :
« cela va mieux en le disant ». 
Les Cahiers du journalisme
… et de l’information
1
L’Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel, le Centre d’analyse et de recherche interdisciplinaire sur les médias de l’Institut français de presse et l’Observatoire des pratiques socio-numériques, composante du Laboratoire d’études et recherches appliquées en Sciences Sociales (LERASS) de Toulouse.
Référence de publication (ISO 690) : LES ÉDITEURS. « ... et de l’information ». Les Cahiers du journalisme - Débats, 2021, vol. 2, n°7, p. D3-D4.
DOI:10.31188/CaJsm.2(7).2021.D003