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Nouvelle série, n°3

1er semestre 2019

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Paul Biya et les médias : contribution à l’analyse des interactions avec la presse

Gervais Mbarga, Université de Moncton

Résumé

Phénomène à la fois récent et antique, la réticence des hommes politiques vis-à-vis des médias caractérise ce début de siècle. Du président des États-Unis Donald Trump au président français Emmanuel Macron en passant par le Brésilien Jair Bolsonaro, il y a désormais chez les dirigeants du monde comme une nouvelle méfiance. Ainsi, une certaine presse nationale relève-t-elle une allergie aux médias et aux journalistes du président camerounais Paul Biya. Pourtant, sa communication corporelle ne semble pas particulièrement les récuser. Celle-ci paraît même, sinon tenter de les apprivoiser, du moins les intégrer et les aborder parfois avec condescendance. Dans cette étude, nous appuyant sur un cas de prestation publique et médiatique remarquée, nous dévoilons quelques éléments de ce paradoxe. L'observation montre des attitudes à contenus emblématiques, adaptatifs, illustratifs et régulateurs qui, croisées, révèlent une personnalité antipodale, à la fois expectante et prolixe.

Abstract

A phenomenon both recent and of long-standing, the reluctance of politicians vis-à-vis the media characterizes the beginning of this century. From the US president Donald Trump to the French president Emmanuel Macron or the Brazilian Jair Bolsonaro, there is now, among the leaders of the world, a new mistrust. Thus, some newspapers report an allergy to the news media and journalists on the part of cameroonian President Paul Biya. However, his body language does not particularly seem to reject the presence of the media. If not trying to tame them, he appears at least to engage them and to handle them, sometimes, with condescension. In this study, based on a public and media performance, we reveal some elements of this contradiction. The observation shows attitudes with emblematic, adaptive, illustrative and regulative contents which, put together, reveal an antipodal but, at the same time, expectant and prolix personality.

DOI: 10.31188/CaJsm.2(3).2019.R079





P

arfois discrète, parfois explicite, l’aversion de dirigeants politiques pour les journalistes paraît se renforcer dans de nombreuses démocraties en ce début de XXIe siècle. Dans son rapport de 2018, l’organisme Reporters sans frontières s’alarme du « climat de haine à l’encontre des journalistes qui se développe », notamment en Europe et en Amérique en plus des régions déjà identifiées comme ayant des pouvoirs autoritaires.

Ainsi, alors que pour son compatriote Jean-Luc Mélenchon, « la haine des médias et de ceux qui les animent est juste et saine1 », le président français Emmanuel Macron pense devoir cultiver une « saine distance2 » vis-à-vis des médias. Aux États-Unis, le président Donald Trump, répliquant à des journaux qui dénonçaient son hostilité envers les médias, l’avait assumée dans un tweet du 16 août 2018 : « Les médias de fausses nouvelles sont le parti d’opposition. C’est très mauvais pour notre magnifique pays3 ». Le chef de l’État brésilien, Jair Bolsonaro, déverse lui aussi des diatribes contre les journaux de son pays4.

Au Cameroun, ce qu’il est convenu de désigner par distance du chef d’État du Cameroun vis-à-vis des journalistes et de la presse intrigue une part significative des médias nationaux. Ceux-ci estiment qu’il « se cache des médias » (Gary, 2017) et que son système gouvernemental tente de les museler (Atenga, 2005). Tissibe et Talla (2017), dans un dossier de l’hebdomadaire Germinal, affirment que :

[…] depuis son accession à la mangeoire suprême, il a très rarement rencontré les médias au cours d’une conférence de presse. Quand il se trouve dans l’obligation de parler publiquement aux hommes de médias, il gaffe en tenant des propos qui non seulement sont révélateurs de l’étendue de sa méconnaissance des grands dossiers contemporains, mais dévoile au grand jour ses faiblesses.

Et les journalistes de conclure :

On comprend pourquoi il a une peur bleue des médias. Un de ses proches collaborateurs disait qu’il n’accepte de rencontrer la presse que si on lui fait parvenir par avance toutes les questions qui doivent lui être posées.

Cette position soutenue par des médias nationaux généralement critiques envers Paul Biya, tend à prospérer et trouve des acquiescements même dans les rangs de ceux qui lui sont acquis5.

Les prestations médiatiques du Président Biya ne sont donc pas sans intérêt. Rares, elles sont courues par les reporters et éditorialistes et abondamment commentées par les organes de presse écrite, audiovisuels et numériques. Ce fut le cas pour cette apparition publique face aux médias, le 30 janvier 2013 à Paris, à partir du perron de l’Élysée, le palais présidentiel français, à l’issue d’un entretien avec son homologue français, François Hollande.

«Ai-je l’air si fatigué?», s’était interrogé le chef de l’État camerounais ce jour-là, répondant à un journaliste préoccupé par sa longévité au pouvoir. Et, sauf si l’analyste se plaît à des commodités collectives, toute accentuation interpellative de ce genre éveille en lui des intentions de compréhension. Et, de fait, en jetant la question aux pieds des médias, le politique invite instinctivement, dans ce cas précis, les observateurs avertis à la découverte d’une autre facette de ses prestations médiatiques jusque-là peu approchées : son discours non verbal.

La communication corporelle a une importance journalistique capitale. La télévision a révélé, avec les débats des candidats, combien la maîtrise du geste et la performance devant les caméras comptent dans les spectacles médiatiques et spécifiquement cathodiques. Le concept de médiacratie proposé par François-Henry de Virieu (1990) naît de cette importance grandissante de la scène politique saisie et présentée par les médias. Les polisseurs d’image, les spins doctors, savent désormais comment utiliser les messages qu’ils entendent envoyer aux journalistes et aux médias.

Ainsi, depuis le premier duel Kennedy-Nixon6 de 1960, les chercheurs n’ont cessé de scruter le corps des femmes et des hommes politiques. On en est à se demander si la télévision ne faisait tout simplement pas les élections (Le Bohec, 2007). Pour cet auteur, s’agissant des rapports presse-politique :

on a peu de chance de savoir ce qu’il en est vraiment si l’on ne rencontre pas les protagonistes et si l’on n’observe pas leurs échanges d’aussi près que possible. N’utiliser que le contenu du message présente plusieurs inconvénients, dont le risque de projeter sa grille de lecture subjective (2007, p. 34).

Aussi Le Bohec prône-t-il de dépasser le «stade du témoignage» et de mobiliser les outils mis à notre disposition par les sciences sociales.

Nous faisons ici l’hypothèse que la communication non verbale de Paul Biya révèle sa perception des médias et sa tendance à les tenir éloignés de sa sphère personnelle d’exercice du pouvoir de l’État. En d’autres termes, cette communication traduit une répugnance des spectacles de la communication mass-médiatisée.

Il existe une littérature importante au sujet de Paul Biya. Depuis son accession au pouvoir en 1982, on remarque, à vue d’œil, une croissance régulière du nombre de livraisons consacrées à ce deuxième président camerounais. Abondantes, certaines publications, entre autres, Foumane Akam, Etoga Eyili et Fame Ndongo (1983), Bandolo (1985), Monga (1986), Ngniman (1993), Sindjoun (1994), Mukum Mbaku et Takougang (2004), Emvana (2005) et Pigeaud (2011), analysent les péripéties du pouvoir de ce président et son système de gouvernance. Plus rares sont ceux qui abordent la communication paraverbale ou non verbale de Paul Biya (Modzom, 2015) ou questionne sa distance vis-à-vis de la presse.

Critique du décodage du non verbal

La communication non verbale également appelée communication silencieuse (Hall, 1984), communication implicite, inconsciente ou involontaire (Birwhistell, 1970) capture les transactions humaines qui circulent en dehors des mots. Sa commercialisation, avec l’apparition de la synergologie soutenue par des gourous qui entendent, en interprétant un « lexique corporel », « décrypter le fonctionnement de l’esprit » humain, a projeté l’intérêt du grand public sur cette pratique.

Les analyses de cette forme de communication décryptent les signaux que le corps peut envoyer à des interlocuteurs dans les multiples situations de rapports interpersonnels et sociaux. Elles ne cessent d’interpeller les sciences de la communication. Avec sa «règle des 3 V7», Merhabian (1967) croit avoir repéré le poids du non-verbal dans nos interactions. Selon ce psychologue américain, 55 % de l’information passe par l’expression visuelle, celles du visage et du langage silencieux corporel, 38 % à travers l’intonation et le timbre vocal, au moment où les mots et leur sens, c’est-à-dire le contenu strictement verbal, n’interviennent que pour un maximum de 7 %. Puisque le silencieux participe pour une si forte proportion, selon Merhabian (1967), il apparaît plus fort que la communication par le verbe. De même, souvent inconscient, il se révèle aussi plus authentique que la parole (Martin, 1999).

Les statistiques de Merhabian ont souvent été analysées comme maximalistes et couramment contredites (Cohen, 2010). Elles plongent d’office le chercheur dans la controverse qui entoure le décodage de la communication non verbale.

Conditionnée par la culture, cette communication contient une bonne dose d’ambiguïté. Si bien que nombre de chercheurs, suivant l’opinion de Ray Birdwhistell (1981), préfèrent penser à son sujet qu’elle compte largement plus d’hypothèses que de conclusions. Alarmés par les prétentions de ses apôtres et sa forte médiatisation, plusieurs auteurs ont tiré la sonnette d’alarme. Ils y voient catégoriquement une pseudo-science8 (Denault et al., 2015), voire une « arnaque » (Deraedt, 2014) qui joue « sur le détournement des codes académiques et l’ignorance de ceux-ci par les publics visés ». Des auteurs s’insurgent avec véhémence contre cette troublante tendance « dangereuse » à tenter de décrypter le non-verbal que le « business relationnel propre à notre société de communication » alimente (Lardellier, 2008). Surtout que certains de ses adeptes agitent sa scientificité comme un slogan « afin de capter une légitimité ensuite monnayable dans l’édition, la formation professionnelle, le coaching, ou pire encore, le recrutement » (Lardellier, 2008).

Or, rappelle Axelrad (2012), la validité épistémologique de la synergologie ne semble attestée par aucune publication dans une revue savante, ni par aucun protocole expérimental et a rarement fait l’objet de colloques. Tout juste apparaissent ici et là des ouvrages et des militants qui en décrivent les techniques et les conclusions. Particulièrement dubitatif, pour ne pas dire plus, à leur égard, Lardellier (2008) remarque que ces « simili-savoirs s’inscrivent dans une lignée ancienne » et ont traversé les époques jusqu’à celle de « l’âge contemporain des bonimenteurs » et des « obsédés du non verbal  ». Pour leur part, Denault et al. (2015), s’appuyant sur les fondements de la démarche scientifique, parviennent à la conclusion que « sur la base d’informations actuellement disponibles, se fier à la synergologie relève davantage d’un acte de confiance aveugle que d’un choix éclairé et responsable ». À ne pas y prendre garde, on se laisse assez aisément enfermer dans sa rhétorique et dans son succès médiatique.

La mise en garde est sérieuse. Elle met le doigt sur les dérapages et les fantasmes que peut susciter le décodage du non-verbal. Elle en situe surtout les limites et proscrit d’en faire une obsession. Cependant, si les auteurs condamnent le « business » irrecevable qui s’y rattache, s’ils pistent ceux qui entendent l’imposer comme science sans s’imposer une démarche scientifique, pour autant, ils ne rejettent pas totalement la notion, ni ses fondements (Pellicand, 2018). Spécialement lorsqu’elle est analysée comme soutien au discours verbal, « le geste et la parole vont de pair et devraient être pris en compte conjointement en tant qu’éléments de la communication plutôt que coupés en morceaux comme le suggère Merhabian » (Cohen, 2010, p. 23). Le « body language » n’a pas d’explication univoque. Mais il n’en est pas moins vrai qu’il structure quelque chose et dévoile certains aspects de la personnalité. L’éthologie de Hall (1959, 1966) a, de ce point de vue, par sa description de la gestion de l’espace (la proxémie), fixé quelques éléments utiles. Par ailleurs, la deuxième révolution scientifique de l’information de Bateson et de l’École de Palo Alto, celle du « signe significatif », suggère d’aller plus loin que le simple « signal » physique à partir duquel s’est construite, pour l’essentiel, la première révolution de l’information.

Doit-on rappeler que Gregory Bateson (1977, 1980), dans son schéma hiérarchisé de l’apprentissage, estime que la conscience humaine ne montre qu’une infime partie de sa structure ? La plus grande portion, comme un iceberg, se réfugie dans les profondeurs du subconscient, ou mieux encore, de l’inconscient. L’étude de la communication silencieuse peut, de ce point de vue, ouvrir quelques pistes.

Comprendre la communication involontaire d’un acteur, c’est donc aller plus loin que les mots qu’il utilise et transpercer le verbe qui « exerce dans l’espèce humaine une fascination millénaire que les Écritures ont illustrée en proclamant qu’il était premier » (Cosnier, 1977, p. 203). Fascination parfois réductrice parce que le verbe et les mots, pour reprendre Cosnier, se condamnent à véhiculer, seuls, le message officiel qui constituerait le texte réel. Or, la communication humaine intégrale est évidemment, comme celle de tous les autres animaux, multicanale et « multi viatique ». Le non-verbal est l’un de ces canaux. Il indique « à quel point le corps sert de repères spatio-temporels à l’organisation de la pensée, et de matrice à la formation du discours » (Cosnier, 1996, p. 129).

Matériel et méthodes

La présente analyse est une étude de cas. Le cas désigne un événement situé (Leplat, 2002), un objet ou une situation. Une étude de cas décrit, selon Gagnon (2012), « une analyse intensive d’une unité (personne ou communauté) mettant l’accent sur les facteurs de développement en relation avec l’environnement ».

Les chercheurs n’approchaient autrefois les études de cas qu’au prix de compromis. Elles leur semblaient hasardeuses compte tenu des procédures non systématiques qu’elles mettent en branle et qui n’assureraient pas la reproductibilité de l’observation, donc la fiabilité des données et, par conséquent, leur validité. On leur reprochait également une interprétation trop spécifique, voire trop personnelle, des inférences de telle manière que leurs conclusions présentaient des lacunes quant à leur généralisation. Enfin, cette méthode souffrirait de son incomplétude souvent constatée et qui impose de lui adjoindre des techniques complémentaires lorsque l’on tient à obtenir une analyse applicable à l’extrapolation.

Mais c’est considérer une seule facette de cette méthode qui échappe à une vue purement unidisciplinaire. Car Quentin (2012) l’a souligné, « ancrée dans la pratique, elle décloisonne les champs de connaissances ». La nécessité de la compléter par des techniques telles que l’observation, les entretiens, l’analyse de contenu démontre sa flexibilité et sa transversalité. Si bien qu’aujourd’hui, on reconnaît son élasticité et sa pertinence, spécialement s’agissant d’un contexte bien délimité.

Les études de cas regagnent donc aujourd’hui en popularité et en crédibilité. Elles ouvrent la voie à « une compréhension profonde des phénomènes, des processus les composant et des personnes y prenant part » (Gagnon, 2012, p. 2). Elles donnent les meilleures garanties « pour la description, l’explication, la prédiction et le contrôle de processus inhérents à divers phénomènes, individuels ou collectifs », explique Gagnon reprenant Thomas (2011). En fin de compte, elles contiennent une poussée qui permet de comprendre les phénomènes contextualisés et authentiques de la réalité.

Les indices non verbaux

Tout ce qui n’est pas verbe dans un échange humain entre dans le champ de la communication non verbale. Tout le corps ainsi que son environnement et sa gestion consciente et subtile envoient des indices qui expriment notre socialité et nos émotions. Au sujet des émotions, Paul Ekman (1967, 1982)9 a été le premier à en identifier sept primaires et universelles : la tristesse, l’amour, la joie, la colère, la peur, le dégoût, la surprise, avant d’élargir la liste à l’amusement, au mépris, à la satisfaction, à la gêne, à l’excitation, à la culpabilité, à la fierté, au soulagement, au plaisir, à la honte et au doute (Messinger10, 2009 ; Goleman, 1986).

Le terrain à défricher s’annonce donc immense si l’on veut « lire » dans la communication non verbale. Et pour y parvenir, le chercheur ne parcourt ce terrain qu’au prix de formatages, de traçages et de délimitations. Dans cette esquisse, nous n’en retiendrons que quelques arpents bien limités : la proxémie interactionnelle, la gestétique, les postures et quelquefois les regards ainsi que quelques éléments de chronétique. Nous n’entretenons donc pas ici d’intérêt particulier pour les autres aspects du non-verbal ou du paraverbal (mimiques, intonations, mise et apparence vestimentaire, et bien d’autres indices), bien que ces éléments aient aussi une importance dans la transaction médiatique qui nous intéresse.

S’agissant de la proxémie, elle analyse la distance et les écarts physiques entre les interlocuteurs engagés dans une interaction communicationnelle. Elle prolonge la sociologie du corps. En filigrane, on la retrouve en ethnologie. Surtout celle qui porte son intérêt sur les rites et les rituels, sur les marquages physiques (les tatouages par exemple), sur la mise à mort ou la guérison d’individus par le truchement de la magie ou de la sorcellerie. La sociologie du corps montre comment celui-ci et son usage façonnent les relations sociales. Depuis l’esclavage, en passant par le travail productif jusqu’à l’ergonomie des organisations et des postes de travail, le corps humain détient une position centrale dans les interactions humaines et dans la cité socio-économique. Foucault (1970, 1975) souligne et surpasse cette posture de l’homo economicus et montre comment elle s’installe dans les relations de pouvoir, le « biopouvoir » selon son expression, le meilleur exemple étant donné dans les dispositifs panoptiques des établissements pénitentiaires. On doit à Edward Twitchell Hall (1971, 1959) les développements contemporains de l’assertion de la proxémie dont nous nous servons dans cette analyse. Dans sa Dimension cachée (1971), cet auteur s’intéresse aux distances spatiales. Dans The Silent Language (1959), il réfléchissait déjà sur l’espace temporel.

Quant à la gestétique, les catégories usuelles d’Ekman et Friesen (1969), de Knapp et Hall (1996) et leur cartographie des gestes nous semblent un instrument de grande qualité. Elles retracent la gestuelle et la revêtent de significations spécifiques. Ainsi, les « gestes emblématiques », conscients ou délibérés, traduisibles en mots, détiennent-ils un pouvoir d’expression. Les « gestes illustratifs » clarifient les signaux verbaux qui les pilotent parce qu’ils les illustrent et les accompagnent. Les « gestes régulateurs » ayant tendance à contrôler l’échange, participent à sauvegarder le contact ou à le stimuler par des indices phatiques. Enfin, les « gestes adaptatifs » prolongent la réflexion, à moins qu’ils ne caractérisent le tempérament de l’interlocuteur. Bien entendu, l’analyse des gestes repose sur le postulat que ceux-ci, produits par notre corps, expriment et révèlent des émotions. Ekman (1969) rappelle que les mimiques du visage communiquent sur la nature des émotions (joie, peur, embarras, etc.), tandis que les mouvements du corps renseignent principalement sur l’intensité des émotions.

Dans la même optique, Pease et Pease (2004) ainsi que Messinger (2006, 2009) ont illustré le « body language » en soutenant leurs œuvres d’exemples qui servent de repères à la présente étude.

Le corpus d’analyse

Notre analyse porte sur un échange entre le président Biya et les journalistes sur le perron du Palais présidentiel français. Nous avons utilisé un extrait du reportage de la télévision publique camerounaise, la Cameroon Radio Television, du 30 janvier 2013, au sujet de la visite à l’Élysée du président camerounais. Par la suite, un document analogue a été posté sur le site web de la Présidence de la République du Cameroun. Nous avons pu également visionner le reportage de toute la cérémonie, avant, pendant et après le point de presse, soit un document d’une durée de 49 minutes et 25 secondes sur le site de partage des vidéos You tube. La séquence considérée pour notre test dure 9 minutes et 19 secondes, de la sortie d’une audience de près de 40 minutes au départ de la limousine présidentielle.

Il convient de dire un mot sur le contexte de cet échange avec les médias pour mieux en saisir l’importance. Le président Biya accorde des interviews bien ciblées à la presse. On peut même affirmer que cette dernière ne croule pas sous ses déclarations plutôt parcimonieuses et distillées sans verbiage. Chacune de ses productions médiatiques n’en devient donc que plus significative. Cette prestation-ci intervient après son élection en 2011 pour laquelle il y a eu recours à une modification constitutionnelle pour sa candidature, l’ancienne Constitution limitant, à cette date, le nombre de mandats à la présidence du Cameroun. L’élection présidentielle de 2011 se tient, par ailleurs, dans une atmosphère de bouillonnement politique national avec une opération d’assainissement des mœurs des gestionnaires publics. Cela s’est alors traduit par des arrestations de dignitaires du régime accusés de malversations dans leur gestion des deniers publics. Ont été interpellés, des personnalités ayant été de très proches collaborateurs du chef de l’État : un premier ministre, trois secrétaires généraux et adjoints de la présidence de la république, un directeur de cabinet du président de la République, une dizaine de ministres, une dizaine de directeurs généraux des entreprises d’État et bien d’autres hauts cadres nationaux ou consultants internationaux.

Dans le même temps, l’espace public camerounais connaît des débats vifs sur la longévité au pouvoir, l’âge du chef de l’État, les mœurs avec une prise de position fracassante de l’Église catholique et des médias contre l’homosexualité, l’envahissement des cercles ésotériques et des sociétés secrètes, la précarité ambiante.

Première explication médiatique internationale au sortir d’une élection présidentielle, presque à l’orée d’un nouveau mandat présidentiel, cette rencontre avec la presse se situe dans le cadre d’une première visite de travail en France depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, neuf mois plus tôt. La France est un partenaire central et historique des pays africains francophones et du Cameroun en particulier. Paris se trouve à l’épicentre des moyens et des organes de communication destinés à une large diffusion vers le continent africain et principalement vers ses élites. Paris, on le sait aussi, partage avec New York, Washington, Londres, Pékin et Moscou, la plateforme essentielle de la communication médiatique internationale. On peut donc subodorer valablement que les messages de cet échange avec les journalistes s’adressent autant à un public interne qu’à l’opinion internationale. D’ailleurs, ces deux types de médias sont représentés et les principales questions abordées par les interlocuteurs participent à la fois de l’actualité nationale et mondiale.

Les séquences analysées

La rencontre de monsieur Biya avec les médias se décompose en quatre scènes principales de durées variables : la sortie de l’Élysée, la descente des marches, l’échange proprement dit et le terme de l’échange. Nous n’insistons pas, bien évidemment, sur le sens des mots utilisés par le président Biya, mais sur la mécanique du corps. Puisque l’analyse porte sur l’interaction avec les journalistes dans la cour de l’Élysée, nous ne tenterons pas d’amener la communication non verbale pour édifier l’observateur sur le contenu et la qualité de ce qui se serait passé avant dans les salons, entre les deux interlocuteurs, Biya et Hollande, durant leur tête-à-tête.

De plus, nous ferons un examen narratif et linéaire des séquences, c’est-à-dire scène par scène ou bien, comme on dirait en termes spécifiques à la télévision, plan par plan. Cette lecture diachronique et séquentielle des images accentue l’effet de redondance. Pour le minorer, nous réduisons les scènes directement consécutives ponctuées de gestes identiques en une même et seule scène, avec cependant la réserve qu’une gestuelle répétée ou une boucle itérative deviennent significatives. De la même manière, nous tentons de mettre le langage corporel en congruence avec le langage verbal à l’effet de savoir si l’un confirme ou dément l’autre et de sorte qu’on minimise ainsi le biais du décryptage qui se s’effectue comme si seul le corps s’exprimait et que la parole n’existait pas.

a) la sortie de l’Élysée

À la sortie des entretiens qui ont eu lieu dans les salons de l’Élysée, Paul Biya apparaît en premier suivi de son hôte, François Hollande. Paul Biya s’affiche à la gauche de François Hollande. Les deux hommes s’échangent ensuite un regard, puis une poignée de main. Ils se secouent la main en 11 petits mouvements verticaux, leurs regards se croisent peu, signe à la fois d’un certain équilibre entre les deux personnalités, d’une certaine chaleur, voire d’un respect partagé, peut-être même l’expression d’une satisfaction à la suite de l’entretien, mais subsistance d’une distance voire une certaine méfiance entre les deux acteurs. L’insistance de cette poignée de main semble rassurer l’un et l’autre. Dans cette situation où les hommes politiques apparaissent face à face en public, ils tiennent à donner une impression d’égalité même si, par diverses astuces bien calculées, chacun tente de prendre le dessus.

Il en est ainsi de l’avantage du côté gauche11 typique de ce genre de dispositifs protocolaires et connus de tous les analystes du non-verbal. Il permet à celui qui accueille un invité de rendre sa main droite visible et parfois au-dessus, au moment de serrer celle de son invité sur les photographies et les documents vidéographiques. Le protocole met les choses en place pour que l’un ait l’apparence de dominer l’autre, sauf peut-être dans les pays orientaux. Aussi, les hommes politiques occidentaux aiment-ils généralement se placer à droite de leurs invités lorsqu’ils font face aux caméras afin que leur main droite passe « au pouvoir » (par-dessus la main de l’autre) et ait plus d’autorité.

Il est en effet démontré que serrer la main n’est pas un exercice de communication anodin. Une véritable stratégie de prise de pouvoir s’y déroule. Et la main au-dessus démontre la puissance. À défaut d’être au-dessus, il faut la rendre plus visible. C’est ce que tentent les acteurs politiques avertis en s’arrogeant, souvent aussi grâce aux avantages du protocole, la gauche des caméras soit la droite de l’invité.

Ainsi, lors du premier débat Nixon-Kennedy pour les présidentielles américaines de l’automne 1960, John F. Kennedy, assis à gauche de son challenger Richard Nixon sur le plateau de télévision, passe à droite de son adversaire au moment de la poignée de main qui restera sur les photographies. Pendant leurs rencontres, George Bush et Vladimir Poutine, Barack Obama et Nicolas Sarkozy ou Bill Clinton et Tony Blair, les premiers apparaissent souvent avec « l’avantage du côté gauche » (Pease et Pease, 2009, p. 51). Mais il y a aussi quelques contre-modèles des leaders dominants qui ont parfois approché leurs visiteurs du « mauvais côté » : Ronald Reagan, Nelson Mandela, Gerald Ford (voir photos Pease et Pease, 2009, p. 52). Pour minimiser l’effet de l’avantage du côté gauche, certains hommes politiques qui se trouvent mal placés peuvent couvrir la main de leur interlocuteur avec leur main gauche, comme s’ils voulaient être chaleureux. Yasser Arafat, l’ancien président de l’autorité palestinienne, était connu pour être maître dans cet art du rattrapage (Pease et Pease, 2009, p. 55).

Cette première séquence dure moins de 6 secondes dans notre document. Elle est pourtant suffisante pour positionner les acteurs. Ensuite, François Hollande disparaît le premier et rentre presque hâtivement dans ses appartements présidentiels sans plus prêter attention à la suite, comme s’il s’était débarrassé de son hôte qu’il abandonne ainsi à son destin. M. Hollande semble un habitué de ce schéma qu’il appliqua le jour de la passation de pouvoir entre lui et son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, en mai 2012.

Biya n’a pas l’air impressionné par l’attitude de son hôte. Cela se voit par plusieurs signes. D’abord, il le regarde en réalité très peu durant cette scène, sans doute pour signifier qu’il n’attend pas son approbation. Ensuite, il conserve son manteau déboutonné et entrouvert pendant la poignée de main, marque d’une certaine décontraction. Enfin, il prend le temps de boutonner tranquillement son manteau sans empressement. Il donne ainsi clairement l’impression qu’il ne s’émeut pas outre mesure et qu’il se prépare plutôt au choc à venir avec les médias présents. Il convient de préciser que la scène se déroule un 30 janvier, donc, sous une température hivernale. Et bien que le beau temps ait été au rendez-vous ce jour-là, il était de bon ton d’avoir une mise vestimentaire appropriée et conforme à la saison. C’est d’ailleurs pour cette même raison que nous insisterons peu sur la durée de cette conversation médiatique.

b) la descente des marches

Deuxième séquence : 15 secondes s’écoulent pendant cet intermède. Paul Biya descend calmement les marches du Palais de l’Élysée, puis plonge ses deux mains dans les poches de son manteau. Encore une fois, il prend position au-dessus des événements. Le prince Charles utilise fréquemment cette posture. Certes, c’est l’hiver, avons-nous mentionné, mais cette attitude dénote aussi une assurance vis-à-vis de la situation, surtout avec la tête levée. Même entre amis, on le constate, les personnes debout qui gardent leurs mains dans les poches indiquent leur auto-maîtrise, réelle ou feinte, par rapport aux conversations ou aux activités qui se déroulent autour d’elles.

Cette séquence a également une valeur proxémique. Biya avance vers les journalistes. Il mord sur leur territoire et vient l’occuper en signe d’autorité. Là encore, il est vrai, il s’agit d’une organisation fixe du protocole qui a placé un micro. Il n’empêche. Paul Biya s’approche quand même suffisamment des journalistes pour qu’on puisse noter qu’il prend possession de leur territoire, l’envahit même tout en restant dans la zone d’interaction dite publique (aux environs de 3 mètres), celle des échanges peu personnalisés. Il s’installe cependant presque tout près de la zone sociale (1,50 à 3 mètres), zone des négociations et des interviews. Dans cette séquence, apparaît nettement un affrontement symbolique de deux dimensions du pouvoir, à savoir : le politique et le médiatique.

Dans ce premier enchaînement d’actes, le pouvoir politique s’en sort avec un léger désavantage. Habituellement, on voit les journalistes courir vers le politique. C’est l’inverse que l’on observe dans ce cas-ci. Et cela, grâce au dispositif du protocole élyséen.

c) l’échange avec les médias proprement dit

Dans cette troisième séquence, ce sont les journalistes qui parlent les premiers tandis que Paul Biya écoute, pratiquement statique. Puis, il opine (de la tête), les mains dans les poches, comme pour donner une approbation à la question du journaliste.

Le président Biya a le menton levé par rapport à son axe horizontal, ce qui met le cou en exergue. Cette posture en extension oblige l’interlocuteur à élever le regard en contrechamp et affiche une personne qui n’a pas peur de la situation ou qui manifeste de l’arrogance. Le cou, en effet, est l’une des régions les plus faibles du corps humain en cas d’attaque. Lorsque le cou n’est plus protégé, il est à la portée des fauves. Ainsi, celui qui lève la tête et présente son cou indique à l’adversaire qu’il a l’assurance de pouvoir se défendre et, en tout cas, refuse de se laisser intimider ou s’inquiéter. La plupart des animaux lèvent leur tête pour se préparer à la parade défensive ou offensive.

Par ailleurs, relever la tête augmente la taille relative de l’individu et impose une certaine autorité, une certaine domination alors que la tête qui se baisse constitue un indice de soumission, la personne paraissant plus petite. L’invention de la cravate par la bourgeoisie au XVIIe siècle relève, dit-on, de cette nécessité de maintenir la tête haute et droite. Cette première gestuelle est, en fait ici, une posture de rupture de cohérence. Elle signifie : « Je rassemble mes idées et je défie mon interlocuteur. »

Les mains dans les poches, quant à elles, étaient vues autrefois comme une marque de mauvaise éducation, mais cette interprétation est plutôt simpliste et ne s’applique qu’en de rares cas concernant des personnes de classe sociale populaire. En réalité :

les poches sont un facteur d’équilibre affectif important pour l’homme debout. Le fait de cacher ses mains dans les poches en public abaisse le taux d’agressivité du sujet observé et peut lui éviter d’exciter l’agressivité d’autrui. Ce type d’attitude est perçu comme un geste d’apaisement  (Messinger, 2009, p. 544).

D’emblée, nous devons remarquer que Paul Biya communique abondamment, au moins dans cet échange, avec ses mains. Il les utilise en effet ouvertes ou fermées, en supination, en pronation, les tourne à gauche ou à droite, les range ou les dresse le long du corps, vers le haut, en parallèle, vers l’avant et dans son dos, se les frotte, se les touche, les croise, trace des limites, forme des volumes, dessine des territoires, etc. Seules les mains en pronation sont plus discrètes. Pease et Pease (2004, p. 125) insistent sur l’importance des mains dans la communication. Chaque main, disent-ils, comprend 27 petits os qui sont lacés par un réseau intense de ligaments et par une douzaine de muscles. Il a été démontré que les connexions nerveuses entre les mains et le cerveau sont plus nombreuses qu’avec toute autre partie du corps humain. Autrement dit, les gestes et les positions des mains donnent des indications stratégiques sur nos états émotionnels. Les mains attirent et retiennent l’attention, accroissent l’impact de la parole et aident les locuteurs à permettre de mieux capter et de mieux retenir les informations du discours. En fait, il est très difficile de faire une démonstration et même simplement de parler sans le concours des mains.

Après la première question des journalistes, tout en remerciant François Hollande pour l’invitation, Biya sort sa main droite de sa poche et l’étend en l’ouvrant un peu plus à droite (en direction sans doute des appartements de fonction du président Hollande) tout en gardant son regard droit devant lui et sans se retourner. Traduction : nous avons abordé des choses importantes, mais cette page est tournée. Tant il est vrai, selon Messinger (2009, p . 31) que «la main droite du droitier mesure le temps qui passe ». Elle est aussi typique du contrôle de ce qu’on dit. « La main, racine de la créativité de l’homme, intervient dans un nombre incalculable de séquences gestuelles involontaires […] La main active du droitier qui crée et organise la création […] C’est la main qui fait l’homme et non le contraire » (Messinger, 2009, p. 448). La main droite, main habile qui agit mais s’avère peu créative, est aussi celle de l’offensive. Souvent maladroite, la main gauche (pour les droitiers qui sont numériquement majoritaires) détient, pour sa part, un fort potentiel d’inventivité relève, quant à elle, de la défensive.

Puis, le président Biya sort ses deux mains, les ouvre, paumes vers le haut (geste positif d’ouverture : «je fais preuve de bonne volonté et je suis sincère» ; on parle alors des « mains en offrande »), lorsqu’il entreprend de résumer l’entretien et les tient fermées immédiatement après en « basse position » (près du bas de son ventre), en abordant les relations entre les deux pays comme un signe de satisfaction. Cette contraction négative (geste fermé) suggère des interrogations sur la concordance entre ce que le président dit des relations entre les deux pays et leur réalité au moment précis où se tient cet échange avec la presse. D’ailleurs, à cet instant justement, il évoque des « problèmes » globaux de l’Afrique. Cependant, puisque les deux mains s’entrecroisent vers le bas du corps, elles laissent deviner une contrariété résolue. Pease et Pease (2009, p. 132) ont découvert une corrélation entre le degré de désagrément et la hauteur où les mains se croisent. Plus un rapport entre deux personnes est malaisé, plus hautes se placeront les mains croisées (visage, poitrine, entre-jambes, genoux). Il faut aussi se souvenir que toutes les gestuelles d’auto-contact peignent des comportements de protection qui ont pour objectif de se rassurer.

Lorsqu’il mentionne son soutien à l’action du président Hollande, le président Biya devient plus assertif, appuyant son « appréciation » de la main droite avec un pouce fermé sur le poing qui indique la force, la fermeté, la poigne.

L’un des moments forts de cette séquence survient sur une question relative à l’alternance au pouvoir. Le président Biya esquisse alors un léger sourire, tourne les paumes et les doigts de ses mains en supination vers sa poitrine pour s’autodésigner en disant : « Ai-je l’air si fatigué ? » Geste efficace, s’il en est un, les mains centripètes attirent bien plus encore les regards, mais permettent de détourner l’attention et d’avancer ses arguments sous le sceau de l’humilité. Messinger (2009, p. 454) pense que « ce mode gestuel dénonce un individu victime de ses devoirs et non acteur de ses entreprises ». Quelques secondes après ce premier geste autodésignatif, il y a un second geste beaucoup plus discret et nettement plus bas, au niveau des cuisses. Ce geste entend soutenir le premier par l’indication que l’acteur est bien d’aplomb sur ses jambes. Les deux gestes, à la fois opératifs, défensifs et affirmatifs suggèrent le renvoi aux calendes grecques des débats sur la longévité au pouvoir.

Les gestes vers soi sont peu nombreux dans cette communication de Paul Biya. Cela traduit certainement un homme porté vers les autres. Cependant, quand ces gestes surviennent, ils se remarquent, comme c’est bien le cas, lors des moments personnels, voire narcissiques, où l’homme redevient un simple mortel. C’est également dans cette séquence que, pour une des rares fois, le président Biya utilise les mains en pronation. Il indique bien qu’il contrôle la situation et qu’il garde cette question sous sa gouverne et son autorité. Les mains du président Biya restent constamment en supination au sujet des Droits de l’homme, avec des mouvements amplificateurs et volumétriques. Nous avons déjà mentionné ce signe qui semble indiquer son ouverture d’esprit, son écoute et son besoin de partage. Messinger (2009, p. 454) pense qu’il s’agit de personnes oblatives.

Quelques nuances méritent de compléter cette analyse puisque, en abordant la possibilité de libérer Michel Thierry Atangana, une personnalité franco-camerounaise condamnée dans des procès sur les atteintes à la fortune publique mentionnées plus haut, et dont l’élargissement est souvent évoqué dans les médias, ces indices reviennent, mais, en même temps que le déictique « pince » encore appelé « cercle digital ». Ce dernier est un micromessage d’appui du discours en train de se tenir. Il exprime la satisfaction sur ce qui a été fait et suggère que cela découlerait des précisions et des analyses minutieuses. En fin de compte, pour changer les choses, on recourra à des pistes de solutions différentes qu’il faut rechercher. L’usage assertif de la main droite conforte cette interprétation.

On relève aussi, dans cet extrait relatif à monsieur Atangana (que le président affirme ne pas connaître personnellement) un usage de la main droite montrant, paume tournée vers le bas, c’est-à-dire vers rien, l’acte de traitement des dossiers qui sont le seul lien entre lui et l’intéressé. Ensuite, un emploi en hauteur, de la main gauche, au-dessus de la tête. Cet emploi en hauteur suggèrerait ainsi que ce sujet ne trouvera pas de solution dans les heures qui vont suivre et qu’il est tributaire de plusieurs autres paramètres ou arguments à créer (la main gauche est le siège la créativité, de l’inventivité). La main au-dessus de la tête laisse émerger le point de vue de l’homme : Paul Biya a-t-il l’impression que ceux qui crient à l’acharnement politisent indûment cette question, ou qu’ils vont rechercher des solutions ailleurs, un peu dans les nuages, au lieu de s’adresser aux réalités plus simples, presque banales ? Peut-être faudra-t-il bien s’adresser à lui. D’autant que, souvent, le président Biya referme ses doigts en signe de possessivité.

On comprend aussi, par le principe de la main gauche que, dans cette situation, quelques maladresses peuvent avoir été engagées par monsieur Atangana (la main gauche est aussi celle de la maladresse), ce qu’une intonation chantante ainsi qu’un timbre plus aigu de la voix traduisent. Enfin, de temps à autre, Paul Biya referme son poing pour signifier une certaine détermination. En d’autres mots, il souhaite rester résolu sur ces affaires de corruption dans lesquelles ses anciens collaborateurs seraient impliqués, même s’il peut parfois faire preuve d’ouverture, voire de mansuétude. Encore conviendra-t-il de lui donner des raisons mieux méritées et des arguments plus déterminants. On pourrait penser à une demande de grâce. À ce propos, il a souvent été dit que la grâce que l’on accordera par la suite à Michel Thierry Atangana en 2014 et à Lydienne Yen Eyoum (autre personnalité détenue dans le cadre de ces affaires) en 2016 a été obtenue à la suite des pressions diplomatiques, les deux personnes étant de nationalité française. Cela est certainement vrai jusqu’à un certain point. Cependant, le langage corporel de Biya devant l’Élysée en 2013, lorsqu’il aborde cette question, laisse clairement voir qu’il y pensait déjà et qu’il était sans doute en attente des recours de cette nature.

Une question d’un journaliste sur l’intégration sous-régionale en Afrique centrale expose un autre aspect de la gestétique du président Biya : les paumes parallèles. Celles-ci suggèrent que le sujet connaît un « encadrement » qui évitera une évolution explosive, qu’il avance à son rythme et qu’il convient de continuer à le surveiller pour éviter toute sorte de débordement ou de dérapage. Ces gestes quantitatifs délimitent l’espace, canalisent, symétrisent, appellent des équilibres, des mesures et des bornes restrictives.

Un autre moment significatif de la gestuelle de monsieur Biya survient avec le problème de l’homosexualité au Cameroun, virulemment condamnée par les médias locaux et par l’opinion locale, tandis que les médias sur la place de Paris favoriseraient une analyse différente. Pour aborder ce sujet, Paul Biya croise ses mains dans le dos. Cette posture que Pease et Pease (2009, p. 136) observent de manière récurrente dans la famille royale britannique, celle dite du « proviseur de lycée » ou du surveillant de garnison militaire, conforte l’autorité, la confiance en soi, la puissance. Elle montre fièrement la poitrine et, selon ces auteurs :

ceux qui prennent cette position quand ils sont en situation intensément stressante, comme en entrevue face à des journalistes ou dans la salle d’attente du chirurgien-dentiste, ont un sentiment de confiance en eux-mêmes et reprennent leur autorité par conséquent.

Le contexte décrit par les auteurs est exactement celui dans lequel se trouve Biya dans cette séquence.

Dans cette scène de « supériorité-confiance », qui n’exclut pas non plus une tentative de « self-control » ou de « self-restraint », se met en jeu un moment où une déclaration fracassante, pour ou contre, pourrait provoquer des remous dans l’opinion. La prudence constitue le meilleur argument. La séquence s’achève d’ailleurs par d’autres mouvements des mains qui se fixeront par la suite le long du corps, dans ce qu’on désignait par la « position Reagan ». Elle marque l’aplomb et avertit l’interlocuteur sur l’équilibre confiant conservé par l’interviewé. Cet aplomb vient tout juste avant le doigt gauche pointé en direction d’un journaliste dont la question était noyée par celles de ses collègues. En le désignant personnellement, il le choisit aussi comme dernier intervenant de l’échange avec les médias. Ce déictique pointeur de la cible par le doigt de la main faible marque bien la faiblesse de la question sur ce point précis (tout au moins dans l’esprit de l’interviewé).

Les principales attitudes gestuelles du président Biya apparaissent dans le tableau qui suit. Tout compte fait, les postures en extension, ouvertes et amples, semblent prendre le pas dans cet extrait de communication.

Table 1 : attitudes gestuelles du président Biya

On observe donc une situation où l’acteur principal ne paraît nullement intimidé par les interlocuteurs qui lui font face. Il crée même une situation dialogique dissymétrique. Dans son échange verbal et non verbal, il use de signes et d’attitudes qui élargissent son périmètre de communication et mordent sur le champ des antagonistes, c’est-à-dire à la fois sur le territoire physique et sur l’espace symbolique des journalistes.

d) le terme de l’échange avec les médias

La dernière séquence dure 27 secondes. L’échange avec la presse se termine. Une première fois, le président Biya y met fin, puis se ravise parce qu’une dernière question fuse de chez les journalistes. Cette séquence est significative du point de vue de la gestion du temps, la chronétique. Tout en indiquant que son agenda comporte des obligations qu’il doit respecter et qu’il a un temps pour chaque obligation, Paul Biya laisse tout de même une possibilité à un dernier intervenant. L’indication est claire : il ne tient pas à donner l’impression qu’il se défile devant la presse. En réalité, sa dernière réponse a pourtant bien l’allure d’une transition vers autre chose. Il utilise le fameux déictique pointeur dont nous avons parlé et qui renvoie le journaliste à la faiblesse de sa « colle ». D’ailleurs, la réponse qu’il apporte reste suffisamment évasive pour mettre fin à la rencontre : « Ces problèmes seront résolus  », dit-il, laconique.

Malgré cela, la gestion du temps se voit mieux lorsque Biya prend encore quelques instants après son face-à-face avec les journalistes pour adresser ce qui ressemble à des instructions à ses collaborateurs et ceci, à grand renfort de gestes de la main. Il y a quelques minutes, on le croyait portant vraiment pressé. Il consacre même encore quelques dernières longues secondes pour répondre aux salutations de l’assistance en agitant sa main levée avant de reprendre sa voiture. Bref, il démontre, dans cet extrait, son emprise sur la durée des événements et sur son agenda.

Enfin, cette dernière séquence ainsi que les deux premières sont les seules où l’on observe aussi des déplacements. Biya n’a déplacé ses pieds que discrètement pendant tout l’entretien avec les médias qui a tout de même duré une bonne dizaine de minutes. À part les mains qui vont le conquérir, l’espace autour de lui s’est apparenté à une bulle. Seuls, par moments, quelques mouvements du corps en avant, en arrière et sur les côtés en perturbent la stabilité. « L’effet de bulle » est double. Il s’apparente à un confinement et provoque de l’agressivité. Il a été remarqué que, dans les années 90, lorsqu’on entassait des voyageurs dans les avions, les violences se multipliaient. Toutefois, la bulle assure également un certain calme à l’individu parce qu’il le déconnecte du brouhaha et des gesticulations de la foule environnante.

Lorsque Biya bouge subrepticement ses pieds, c’est le pied gauche qui s’en va plus facilement en mouvement (impatience) alors qu’il prend régulièrement appui sur le pied droit. La réflexologie nous renseigne que tous les organes du corps trouvent leurs correspondances dans la plante des pieds. Les pieds montrent où nous souhaitons aller et qui nous aimons ou non. Ils révèlent quand nous voulons quitter un lieu, une conversation, une condition. Les organes éloignés (en termes de distance) du cerveau ont tendance à se faire oublier (Pease et Pease, 2009, p. 209). Ainsi, peu de gens prêtent attention à la dynamique de leurs pieds, en comparaison des parties du corps proches du cerveau, leurs cheveux ou leur visage par exemple. Le nomadisme soutenu des pieds ou l’instabilité de ceux-ci correspondent généralement à une argumentation peu véridique. Tout le contraire chez Paul Biya. Et son soutien sur le pied droit a une signification : il fait de celui-ci un pilier en quelque sorte. Selon Messinger (2009, p. 33), « le pied droit est celui de la liberté de la lucidité, de la sérénité et de la tolérance. C’est le pied entreprenant et positif. Le pied gauche est celui de la révolte, de la provocation. » Aussi, le peu de mouvement du pied droit peut-il renvoyer à la certitude de tenir le bon bout des événements.

Conclusion

La communication non verbale de Paul Biya ne semble pas particulièrement récuser les médias. Elle semble même, sinon les intégrer, du moins s’y adapter, les dompter avec assurance, confiance, voire condescendance. Ses postures révèlent peu de perturbations, de négations ou de la fermeture. Au contraire, on le voit prolixe quand il ne parle pas avec les mots. Donnant à voir par son corps les analyses qu’il fait des situations. D’où vient-il donc que l’homme n’accorde que peu d’interviews alors qu’on ne dirait pas qu’il se sente particulièrement mal à l’aise avec les médias ? En plus de 30 ans de pouvoir, on compterait sur les doigts d’une main ses conférences de presse formelles, de grandes interviews. Seules quelques interventions médiatiques à bâtons rompus, souvent au retour d’un voyage officiel, brisent cette diète. Il faut donc aller chercher ailleurs cette soi-disant relative aversion pour les médias.

Remarquons que la communication de Paul Biya décrite dans cette réflexion relève souvent de la chiropraxie. En raison de sa pixellisation importante, le document vidéographique ne nous a pas permis d’étudier valablement les expressions du visage et du regard. Nous pouvons simplement constater que ce regard n’est pas perdu, ni fixe, ni furtif, ni vide, ni effaré parce qu’il balaie l’assistance au gré des questions des journalistes avec des trajets peu brusques et peu larges.

En revanche, le discours des mains, surtout parce qu’il y a ici bipolarisation (usage alternatif de l’un ou l’autre en aller et retour, ou des deux à la fois), définit un tempérament alternatif et expectant. Pour les personnes qui gestualisent ainsi, il est urgent d’attendre le développement des événements, de voir venir plutôt que de courir ou de tenter de maîtriser précipitamment une situation naissante. Il leur faut peser longuement le pour et le contre, laisser l’eau trouble se décanter et garder des constantes régulières, connues et reconnues. Parfois, l’oubli constitue leur méthode de souvenance. Or, les médias permettent tout, sauf d’oublier et de se faire oublier. 

Gervais Mbarga est professeur au module d’information et de communication
de l’Université de Moncton.




Notes

1

Jean-Luc Mélenchon (2018). La semaine où Macron dévisse : bain de boue pour tous. [En ligne], Melenchon.fr, 28.02.2018.



2

Michèle Cotta (2018). Emmanuel Macron et la saine distance entre les médias et le pouvoir. [En ligne] Lepoint.fr, 04.01.2018.



3

Azeb Woldé Ghorgis (2018). Les médias ne sont qu’un « parti d’opposition », assène Trump. [En ligne]. Iciradio-canada.ca, 16.08.2018.



4

Brésil : Jair Bolsonaro et les médias, une relation plus que tendue. [En ligne], France24.com, 28.10.2018.



5

Les médias camerounais ne se déclinent pas en termes de gauche ou de droite. Ils sont critiques, voire opposés, au régime (les journaux Mutations, Le Messager, Le Jour, Germinal, Nouvelle Expression, The Herald, la télévision Équinoxe, etc.) d’une part, et d’autre part, proches voire acquis au pouvoir (par exemple, les médias publics : le quotidien Cameroon Tribune, la Cameroon Radio Television ; les privés : L’Anecdocte, L’Essentiel du Cameroun, La Nouvelle Presse, les télévisions Vision 4, Canal 2).



6

Jacques Beauchamp racontant dans une chronique ce premier débat de l’histoire indique : « Le 26 septembre 1960, le républicain Richard Nixon avait l’air amaigri et était moins bien habillé que son adversaire, le démocrate John F. Kennedy. » [En ligne], Iciradio-canada.ca, 11.11.2018.



7

Les trois «V» sont le verbal, le vocal et le visuel.



8

La synergologie ne cesse en effet de créer la polémique et d’occuper les médias. On peut se référer à ce propos à la mise en demeure du synergologue Philippe Truchet servis à un journaliste du quotidien montréalais La Presse en mai 2015.



9

Voir aussi Ekman, Friesen (1969, 1971).



10

Il convient de souligner que Le dico illustré des gestes : plus de 1 000 gestes et postures analysés de Messinger peut susciter quelques réflexions sur sa scientificité. Sans en faire une autorité savante absolue, nous nous y référons, en visant avant tout sa façade pratique, visuelle et instrumentale.



11

Le côté gauche par rapport à la personne qui fait face à l’événement, c’est-à-dire le côté droit de l’invité.






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Référence de publication (ISO 690) : MBARGA, Gervais. Paul Biya et les médias : contribution à l’analyse des interactions avec la presse. Les Cahiers du journalisme - Recherches, 2019, vol. 2, n°3, p. R79-R96.
DOI:10.31188/CaJsm.2(3).2019.R079


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