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Nouvelle série, n°8-9

2nd semestre 2022

DÉBATS

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CHRONIQUE d’hiver

Cité à comparaitre

« Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas », n’a jamais dit Malraux. En tout cas, la religion des fausses citations y a pris beaucoup d’ampleur. Malheur aux incroyants !

Par Bertrand Labasse



Quoiqu’en pense internet, ce portrait d’Emmanuel Kant n’est pas non plus de lui : il serait même de l’un de ses pires critiques, Friedrich Heinrich Jacobi.


J

’en frémis encore. Il y a peu, Internet s’est dressé contre moi dans toute sa majesté. C’est que dans mon ignorance, je l’avais contredit. L’affaire est partie d’une contribution à un quotidien1, par laquelle je m’immisçais à mon corps défendant dans le niais pugilat entre l’impartialité et le militantisme qui secoue à nouveau le journalisme au Canada et ailleurs. Les faits se trouvant piétinés dans la bagarre, et nul témoin ne volant à leur secours, un sens du devoir insoupçonné m’avait chuchoté de les aider à se relever.

Il n’y avait évidemment là que des coups à prendre, des arguments rationnels n’ayant pas plus de chance de pénétrer dans la chambre d’écho des camés de l’opinion qu’un évêque en soutane dans une rave party. Plutôt moins en fait. Mais quelques internautes vigilants ne tardèrent pas à m’apprendre que j’avais fait bien pire. Contraint d’être bref – ça m’arrive parfois, hélas – j’avais économisé un long développement sur l’inévitable subjectivité du regard grâce à une jolie (et courte) citation d’Anaïs Nin : « Nous ne voyons pas le monde tel qu’il est, nous le voyons tels que nous sommes. » Qu’avais-je dit là ! C’est de Kant, voyons, me tança-t-on aussitôt, lien ou copie d’écran à l’appui : les dictionnaires de citations en ligne ne laissaient aucun doute sur ce point. Quel sot étais-je donc pour croire autre chose ?

J’aime bien Kant, mais peut-être pas au point de lui attribuer ce qu’il n’a pas écrit. On trouverait à la rigueur dans la Critique de la raison pure des énoncés qui pourraient vaguement s’y apparenter, mais leur sens est quand même passablement différent, sans parler de leur formulation2. Peut-être est-ce ailleurs ? La chose est incertaine, ce qui me semblerait la meilleure raison possible de ne pas le citer.

Quant à Anaïs Nin, il était patent qu’un de ses personnages, Lillian, l’avait bel et bien dit (ou presque3) dans un roman de 1961, Seduction of the Minotaur. C’est ce qu’on appelle un fait. Autant dire pas grand-chose face à l’unanime réfutation d’une horde de pages web : à défaut de pouvoir insérer dans le même journal l’inverse d’un rectificatif – un confirmatif ? – je resterai flétri à jamais.

Apocryphe, nous dit-on, est un adjectif et pas un nom. Rien de plus regrettable. Avec plus d’imagination, on se représenterait facilement l’apocryphe comme un cousin du sphinx (et peut-être de l’anacoluthe), pareillement composé de bouts d’animaux hétéroclites. Équipé comme le sphinx d’un inquiétant arsenal de dents et de griffes, mais très différent quand même : alors que le sphinx a toujours une question, l’apocryphe a toujours une réponse. Dans les deux cas, on en réchappe rarement.

Louées soient les fadaises

Peut-être cette affaire n’est-elle qu’une juste vengeance : je m’étais par le passé risqué à moquer une ou deux fois4ces dépotoirs de l’érudition et les naïfs qui y piochent leurs savoirs improvisés. Rien de bien méchant : « Je me battrai pour que vous puissiez le dire », comme n’a jamais écrit Voltaire, mais je ne m’interdirai pas de le commenter ensuite… Ce en quoi, je me suis apparemment mis dans un mauvais cas. Essayons vite de trouver quelque chose de gentil à en dire avant de succomber sous la réprobation de la multitude.

Bon… En y songeant, les formules apocryphes sont en général admirables dans leur concision et fort profitables dans leur doctrine : comme le disait un Italien dont je ne suis pas sûr, « se non è vero, è ben trovato ». Qu’Einstein ne vienne donc pas se lamenter de l’extraordinaire quantité d’adages édifiants qu’on lui met dans la bouche ! C’est lui et lui seul qui a eu le grand tort de ne pas les avoir tous formulés, obligeant les dictionnaires de citations en ligne à compenser avec talent sa déplorable indolence.

D’accord, il est probable qu’ils ne les produisent pas eux-mêmes, ils se contentent de les trimbaler. Mais voilà qui est aussi en leur faveur : ne sont-ils pas de ce fait aussi innocents que les réseaux sociaux, dont chacun sait bien qu’ils n’ont aucune responsabilité dans ce qu’ils charrient ?

Rejetons en outre tout amalgame injuste : non seulement se trouve-t-il en ligne de rares recueils de citations relativement fiables (on les reconnaît facilement aux références bibliographiques très précises qu’ils indiquent), mais même les autres ne se trompent pas tout le temps. La plus grande partie de leurs aphorismes a sans doute été proférée, et souvent même par les auteurs mentionnés. Il faudrait avoir l’âme bien noire pour leur reprocher d’y ajouter tout ce qui leur tombe sous la main.

Et puis on n’apprécie pas à sa juste valeur leur contribution au grand concert contemporain des rumeurs et des fausses nouvelles. C’est qu’ils sont les altos de l’orchestre, certes moins flamboyants que les violons et les cors, mais sans qui tout sonnerait beaucoup moins bien. Rien ne convient mieux qu’un énoncé imaginaire pour fabriquer un mème viral ou appuyer d’une profonde parole un tweet écervelé. Dans l’ère de la post-vérité (paraît-il), il faut bien que quelqu’un fournisse une forme de sagesse appropriée, c’est-à-dire d’usage aisé et d’accès rapide.

D’ailleurs, tout bien pesé ces billevesées ne méritaient peut-être pas tant de réprobation. Sont-elles bien graves, au fond ? Personne, je pense, ne va attaquer une pizzeria ou le parlement des États-Unis pour une phrase de trop. Il en faut plusieurs.

Voilà, j’ai abjuré. Peut-on m’absoudre ? S’il vous plait ?

Le principe de la vase communicante

Ce qui m’ennuie tout de même, c’est que cette pollution-là frappe en priorité deux domaines qui, à un titre ou un autre, m’intéressent un peu : la recherche universitaire et le journalisme. Sans compter que, comme ne l’a pas dit Platon, « la fraude de la cité commence par la fraude des mots ».

Il aurait pu le dire, notez. Une bonne mauvaise citation se doit d’être vaguement plausible, celle de Kant en témoigne4. À l’inverse, quand Pierre Desproges avait tiré de son imagination « un bon sportif est un sportif mort » en l’attribuant à Pierre de Coubertin, des auditeurs avaient sûrement eu un doute. Une citation, c’est comme un classement aux Jeux olympiques, il faut qu’on puisse y croire. C’est pourquoi on ne devrait jamais les recueillir en Russie.

Mais justement, qu’est-ce qui crédibilise mieux une sornette qu’un journal réputé traquer les fausses nouvelles ? Telle est sans doute la raison pour laquelle certains des florilèges les plus en vue sont ceux que proposent des quotidiens français. J’ai d’ailleurs reçu en faveur de la paternité kantienne une copie d’écran censément irréfutable, puisque tirée du site du journal Ouest-France.

On pense communément que les dirigeants de journaux sont d’habiles stratèges, ce qui doit être le cas de la plupart quoique, comme pour les citations, on y trouve de tout. Du reste, même le stratège le plus habile peut à l’occasion connaître un moment d’égarement, mais pour qui étudie l’évolution de cette activité, celui-ci est incompréhensible. Or, rien, pas même me reprocher une citation juste, ne blesse autant ma vanité professorale qu’un phénomène médiatique incompréhensible. Voyons les données du problème : j’accueillerai comme une délivrance toute piste d’explication rationnelle qu’on voudra bien me fournir.

Même la gestion d’un stand de hot-dogs repose sur un principe de management pour lequel il n’y a pas besoin de MBA : soupeser en toute chose ses avantages et ses inconvénients. Sauf erreur de ma part, une entreprise de presse ne vend pas de saucisses, elle vend un produit qui contient essentiellement deux ingrédients onéreux à produire et à conserver : de la pertinence et de la crédibilité. Réduisez l’un ou l’autre et vous vous retrouvez en concurrence, dans un cas avec les bulletins de sociétés savantes, de l’autre avec les pièges à clics. Économiquement, il y a peu à gagner sur ces deux marchés, d’ailleurs saturés, et sûrement pas de quoi entretenir une vraie équipe de journalistes.

C’est ici qu’intervient le calcul. En terme d’avantages, ceux d’accueillir sous sa bannière un recueil de citations approximatif semblent se résumer à quelques bandeaux publicitaires chichement rémunérés. Et en termes d’inconvénients, cela revient plus ou moins à percer un trou dans sa propre coque en provoquant soi-même une fuite de crédibilité. Elle s’écoulera toute seule vers les pages en question : c’est le principe des vases communicants. Et en échange, elles entacheront le titre qui les héberge : c’est le principe de la vase communicante.

La faille n’est pas béante au début, mais le temps joue pour l’agrandir car qui cherche une citation sur internet prévoit généralement d’en faire quelque usage. Et quand Toto rentrera de l’école avec un commentaire à l’encre rouge, sarcastique si ça se passe en France, sur la pseudocitation par laquelle il croyait ennoblir sa dissertation, ses parents n’en retireront pas une grande confiance envers sa source. C’est le genre de sentiment que le bouche-à-oreille numérique répand facilement. Et ce sera encore pire si c’est plutôt l’un d’eux, le rouge cette fois aux joues, qui sort d’une réunion décrédibilisé par un ornement de son PowerPoint. Ou si c’est sur un média social qu’une citation hasardeuse a noyé l’un de ses messages sous les quolibets.

Dommage pour eux : ils n’avaient pas soupesé plus que le journal les avantages et inconvénients d’une citation de contrebande. Dommage vraiment, car le coût symbolique de la chose peut être plutôt élevé. « Fraus omnia corrumpit » confirme François Rollin5. Une fausse citation est comme un fil qui dépasse : il suffit que quelqu’un tire dessus pour que tout le raisonnement se détricote, laissant l’orateur fort dénudé.

J’en éprouve même une pointe de remords à l’égard du doctorant à qui, tout récemment encore, j’ai demandé d’où diable il sortait la très belle phrase de Nelson Mandela qu’il brandissait en épigraphe. Même avec un sourire engageant, il se pourrait que ce genre de question déstabilise un peu durant une soutenance de thèse… Quoique récidiviste, je ne me crois pas méchant (que les âmes sensibles se rassurent, l’imprudent s’en est quand même tiré). Mais si la rumeur venait à se répandre chez nos étudiants, voire tel ou tel superviseur censé les relire, que ramasser des aphorismes n’importe où est une mauvaise idée, je crois que je leur aurais plutôt rendu service. Une bonne action, en somme.

Hélas, on ne peut faire bénéficier les journaux d’une sensation aussi édifiante. Sauf à être assez pervers pour soumettre à leurs propres facts checkers des citations relevées sur leurs sites, mais ça serait probablement plus amusant que profitable. Ceci mis à part, je ne vois pas.

À moins que… Se pourrait-il …

Étrange disparition de Lincoln

Accablé de vivre en un temps où une vraie Anaïs Nin ne protège pas d’une troupe de faux Kant dignes des Elvis de Las Vegas, je prenais tristement la mesure du phénomène lorsqu’il plût à Google de me souffler une bouffée d’espoir insensée. Ceci alors que je tentais d’y retrouver une maxime attribuée à Lincoln par le site du Monde, sur laquelle je crains d’avoir un peu ironisé lors d’une chronique précédente6. Elle était maintenant introuvable. J’aurais cru l’avoir rêvée si je n’en avais gardé une copie d’écran à usage pédagogique. Mais en regardant mieux, c’est même la totalité du dictionnaire hébergé par le Monde qui avait disparu. Quant à l’entreprenant fournisseur de ce contenu, il avait bien conservé la phrase sur son propre site mais l’attribuait désormais à un Robert Orben, quoique de leur côté ceux du Parisien et du Figaro la créditassent aujourd’hui à un Derek Bok. Deux parfaits inconnus dans la sphère francophone et à peine moins dans leur pays natal : Lincoln avait quand même plus d’allure. Le chapeau, déjà.

En tout cas, un quotidien au moins, et pas le moindre, avait soudain décidé de renoncer à ce genre de billevesées, et ce peu après ma chronique. Voici qui démontrait bien la prodigieuse hégémonie intellectuelle des Cahiers du journalisme, dont les puissants de ce monde s’arrachent les exemplaires encore chauds en tremblant d’impatience7, fis-je observer à mon entourage. Lequel me refusa une fois de plus son admiration. Des suppositions aussi mesquines que « hasard » et « coïncidence » flottèrent dans l’air…

Allons donc, considérons les faits, seulement les faits ! Il suffit, tel un analyste du Pentagone penché sur des photos aériennes, d’observer les images de pages que sauvegardent périodiquement les robots de l’organisation Internet archive. Hélas, ils passent moins régulièrement que les satellites-espions. Une seule fois en 2017 : la citation de Lincoln compte fièrement parmi les 31 qui lui sont attribuées sous la bannière du Monde. Aucun survol de l’endroit durant l’année 2018, à la fin de laquelle la chronique délatrice paraît en ligne (avant sa version papier, diffusée au début de 20198). Or, au moment du passage suivant, le 15 avril 2019, Lincoln n’a plus que 30 citations : celle qui m’avait tant enjoué a disparu. Enfin, quelques semestres plus tard (j’imagine que ça prend un peu de temps), la totalité du sous-domaine des citations du Monde disparaît à son tour…

Nouvelle disparition de Lincoln

Mordant la main qui les nourrit, un article des « décodeurs » de ce même journal9 a peut-être contribué à sa chute en dénonçant un beau jour les citations apocryphes de Ouest-France et, plus discrètement, d’un site « affilié au Monde » (sic). Ne doutons pas que le crédit en revienne là encore à l’article initial : l’Histoire, sûrement, le commémorera comme l’appel du 18 juin de la guerre des citations, le ferment de la résistance intérieure libérant enfin la parole dans les rédactions. Et Le Monde comme la première cité à s’être délivrée.

Si je ne l’avais pas remplacée depuis longtemps par des petits carrés en plastique, je brandirais triomphalement ma plume comme l’épée de la vérité. Ou peut-être le flambeau de la raison. En tout cas quelque chose de grand et de beau. Qu’on m’oppose désormais tous les faux Kant que l’on voudra, je les attends !

Mais puisqu’il se trouvera des obstinés pour ne voir dans tout ceci qu’un enchaînement de coïncidences, il est temps que l’esprit scientifique musèle une fois pour toutes l’envieuse médisance. Restons donc avec Lincoln. Dévaluée, sa première citation apocryphe est désormais inexploitable, mais comme on lui en a beaucoup prêté la matière ne manque pas. Tiens, celle-ci : « Vous pouvez tromper quelques personnes tout le temps. Vous pouvez tromper tout le monde un certain temps. Mais vous ne pouvez tromper tout le monde tout le temps ».

Elle est captivante à plus d’un titre. D’abord parce que dans son pays d’origine supposé la persistance du vote ouvrier pour le Parti républicain suffirait à en douter sérieusement. Ensuite parce que la bande d’Alain Chabat en a tiré une variation hilarante dans La Cité de la peur. Enfin et surtout parce que, pour le moment, les sites du Figaro, du Parisien et de Ouest-France, entre autres, y croient dur comme du granit. Ce sera donc notre échantillon expérimental. Procédons…

Allo, Le Figaro, Le Parisien, Ouest-France ? Écoutez-moi bien : à ce qu’on en sait, Abraham Lincoln n’a jamais dit ça nulle part ! Je répète : jamais ! Ah, oui… un autre point : vous n’êtes pas censés diffuser des choses fausses, ce n’est pas bon pour votre modèle d’affaires.

Et voilà. Laissons simplement à l’expérience le temps de se dérouler, mais vous verrez que d’ici dix ans, disons vingt, en tout cas au cours de ce siècle, au moins un des trois journaux aura renoncé à cet adage, peut-être même à son fournisseur, pour la plus grande gloire de la raison en général et des Cahiers du journalisme en particulier. La vérité gagne toujours à la fin (sauf quand elle ne gagne pas, mais il faut quand même le croire).

Faux et usages du faux

Ne sombrons pas pour autant dans l’intransigeance de la cuistrerie. Comme ne l’a pas dit le mime Marceau « toute citation bricolée n’est pas d’égale gravité ». Là, je suis plus formel que jamais : il n’a absolument pas dit ça. J’ai même une photo qui le prouve, prise au moment précis où il ne le disait pas. Ce en quoi il a eu tort car, en effet, il existe des degrés en la matière, depuis les peccadilles les plus bénignes jusqu’aux abominations les plus éhontées.

Comptons parmi les premières les minuscules retouches cosmétiques. Contrairement aux internautes, les astronautes, chez qui l’instinct de survie suscite un goût immodéré pour la précision des détails, préfèreraient sans doute que l’on attribue à Neil Armstrong un petit pas « pour un homme » plutôt que « pour l’homme » (les antisexistes opineront) et à Jack Swigert « Houston, nous avons eu un problème » plutôt que « nous avons un problème ». La phrase a même été répétée quelques secondes plus tard par le commandant d’Apollo 13, Jim Lowell, histoire d’être sûr que tout le monde l’ait bien notée, mais ça n’a pas empêché le temps présent de l’emporter sur le passé. Rien de surprenant : si l’on y songe, c’est le comportement habituel du temps. Et le comportement habituel des citations est de se voir améliorées, parfois grandement, par ceux qui les relaient. Tel est le prix de la célébrité. Tant qu’elles ne se retrouvent pas sous cette forme dans un ouvrage universitaire (où ce qui ne serait que préciosité ailleurs s’appelle de la rigueur scientifique), elles méritent à peine un froncement de sourcil.

Plus pernicieuses sont les citations fictives ou mal attribuées. Pernicieuses surtout parce qu’elles sont si profondément imbriquées dans la culture commune qu’il est difficile de ne pas en avoir absorbé, même en restant sourd au caquetage des oies du web. Quand je fais mon introspection, plus je remonte dans le passé, moins je suis sûr d’avoir été irréprochable. Peut-être n’ai-je pas trop souvent fauté dans mes écrits universitaires, pour lesquels je crois avoir progressivement développé une prudence d’astronaute (laquelle tourne même doucement à la paranoïa). Mais sans doute plus ailleurs et sûrement bien trop dans mes conversations privées. J’en veux pour preuve amère le nombre croissant d’adages fidèles dont une envie subite de trouver la source a tourné au désastre. Par exemple « parfois un cigare est juste un cigare », que je tenais pour ce que Freud avait écrit de mieux. Ou « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », qui me ravissait depuis si longtemps, le lycée je crois. Comme le cardinal de Retz fait partie de ceux que j’aime entendre en voiture – ils ne font pas d’auto-stop, je parle d’audiolivres – sa déloyauté m’a consterné. La sienne et celle de tant de beaux esprits. Sauf de Talleyrand, dont je me doutais : ça fait partie de son charme. Tant pis pour son « ce qui est excessif est insignifiant », entre autres, qui lui ressemblait assez.

On ne peut décidément pas se fier à toutes ces voix amies qui habitent nos esprits : leur sagesse n’est trop souvent qu’imposture. Elles ne nous avaient séduits que pour mieux nous trahir un jour. Déclinez votre date d’édition et votre numéro de page10 ou disparaissez à tout jamais ! Laissez-moi seul.

Tristement seul…

Une fois de plus, Max Weber avait vu juste : l’avancée de la raison se paie du désenchantement du monde. Piétinant les citations, elle dépeuple notre imaginaire, affadit nos conversations, appauvrit notre rhétorique. La pensée multicolore se réduit à un terne monologue, l’esprit libéré sombre dans la prostration. Je voudrais tant retourner au pays des licornes, où les références culturelles s’ébattaient joyeusement sans craindre les buchers de l’inquisition bibliographique.

Hélas, il ne faut pas. En tout cas pas pour les écrits publics, car l’absence de référence vérifiable y favorise une perdition bien pire que l’erreur d’attribution : l’usage, abusif au mieux, fallacieux au pire, de formules parfaitement authentiques.

De quoi le faire pendre…

Le savoir se prête très mal aux circuits modernes de la grande distribution : si l’on ne va pas le prélever directement chez le producteur, on est sûr de finir par s’intoxiquer. Aller regarder, dans son milieu d’origine, la pensée dont il procède et son environnement est d’ailleurs censé aller de soi pour un chercheur. Confions avec optimisme que j’ai croisé assez d’exceptions pour confirmer cent fois cette règle. Mais il en va de même pour les journalistes.

Régulièrement, des bouts de phrases sont arrachés à leur entourage et exposés, tremblants, à la fureur populaire. C’est arrivé par exemple à Patrick Le Lay, mais aussi à des gens que j’estime grandement comme Michel Rocard. Dans son cas, « la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde » aurait bien mieux paru si on ne l’avait amputée de sa seconde partie, « … mais elle doit en prendre fidèlement sa part ». Quant au premier, sa célèbre aptitude à vendre aux publicitaires « du temps de cerveau humain disponible » perdrait l’essentiel de son pouvoir d’indignation une fois lue en contexte11.

Convenons que les orientations prises par TF1 après sa privatisation ne plaident pas pour leur maître d’œuvre. Mais justement, la sympathie ou non ne compte pas. Il n’y a pas de « bonne » mauvaise citation parce que dans ce domaine une demi-vérité est souvent un pur mensonge.

Les journalistes y sont confrontés en permanence. Prenons le cas d’Yves Stella, indépendantiste corse qui s’était fait connaître dans les années 1970 pour un usage enthousiaste des explosifs comme arguments politiques. Le revisitant une dizaine d’années plus tard plus tard, les policiers trouvèrent chez lui un mot d’ordre justifiant sans nul doute qu’on le réincarcérât de toute urgence : « Il nous faut passer à un stade supérieur de la lutte et entreprendre une élimination à grande échelle des Français résidant en Corse. » Il avait bel et bien écrit ça ! Et même un peu plus, mais la police ne voulait sans doute pas ennuyer la presse avec une citation trop longue :

Comptons-nous, oui ou non stopper la colonisation de peuplement par la multiplication des attentats ? Si la réponse est affirmative, il nous faut passer à un stade supérieur de la lutte et entreprendre l’élimination physique à grande échelle des Français résidant en Corse. Mais avons-nous sérieusement la volonté d’une telle entreprise ? Nous ne le pensons pas […] Si la réponse est négative, il faut considérer le règlement de cette question dans le cadre d’une négociation globale avec l’État français…

Avec quelques phrases autour, l’appel au massacre devenait un appel à la raison12. L’amateur de déflagrations insulaires avait changé, mais pas la bonne vieille méthode utilisée contre lui : « Donnez-moi cinq lignes de la main d’un homme et j’y trouverai de quoi le faire pendre » disait déjà Richelieu (je doute fort qu’il l’ait dit, mais la formule est bien tournée). Non seulement la méthode n’a pas changé, mais elle a prospéré comme on sait sur les réseaux sociaux où s’entrechoquent des bribes de propos plus choquantes les unes que les autres.

Les médias classiques, faut-il le dire, participent à leur façon à ce vacarme. Pas toujours par négligence, mais en tout cas par habitude. C’est que la pratique de l’extraction à chaud est une composante essentielle de l’art de titrer, et même une de ses recettes de base : écrire le prénom, le nom, ajouter deux points, des guillemets, quelques mots, encore des guillemets et le tour est joué. Un politicien compétent s’assure toujours de glisser dans son discours un énoncé prêt à découper, un sound bite soigneusement calibré pour ça : on croirait presque entendre les pointillés. En revanche, un orateur moins prévoyant forcera les journalistes à piocher comme ils peuvent dans son verbiage. Rien de mal en soi, mais ça peut faire de sacrés dégâts.

Moins de dégâts, cependant que ce qui se pratique en sciences sociales, où des énoncés sont quotidiennement torturés jusqu’à finir par dire ce que l’on attend d’eux. Beaucoup de bourreaux des citations croient simplement que le sens qu’ils leur imposent est le bon, n’étant pas du genre à s’infliger le chapitre entier. Mais les plus féroces sont ceux qui croient plutôt que c’est le sens qu’ils donnent au monde qui est le bon, et que les mots n’ont qu’à s’y plier de gré ou de force. Les scrupules, eux, n’ont pas la parole : « Quand la cause est sainte, elle sanctifie tout » comme ne le disaient ni Torquemada ni Simon de Montfort13, mais comme l’estiment des légions de chercheurs ardents en abattant sur la littérature savante le marteau de leurs certitudes. Les causes étant généralement plus saintes à gauche qu’à droite (difficile de trouver une quelconque valeur morale à l’ultralibéralisme14) et les effectifs bien plus nombreux, c’est là que ça se passe le plus.

Faute d’adversaire sérieux en face, ce sont souvent des devanciers également progressistes mais un peu assagis qui en font les frais. Lors d’un récent épisode, les victimes ont tenté de se rebeller contre les travestissements de citations coutumiers dans ce qu’ils qualifient joliment de « deepfake methodology15 ». Ils ont même eu la naïveté d’invoquer les normes élémentaires de la recherche scientifique, ce qui me semble aussi judicieux que de plaider les vertus du pacifisme devant Attila. Quelque chose de la sorte aurait effectivement marché une fois, paraît-il, mais c’était il y a 1500 ans. En tout cas, dans certains champs de la recherche, ou de ce qu’on présente comme telle, l’herbe n’a guère l’air de repousser.

Les sciences réputées exactes pourraient ricaner de la turbidité des sciences dites molles. Elles ne devraient pas : elles sont peut-être pires dans ce domaine. Ce qui était jadis un secret de polichinelle est aujourd’hui documenté par une imposante série d’études : une bonne partie de leurs références sont, soit un peu erronées, soit franchement fausses, soit abominablement mal interprétées. La plupart des coups de sonde l’estiment aux alentours de 20 ou 25%, mais dans un cas elle aurait dépassé 50%. Confions avec satisfaction que ça semble plus que ce que la vaillante réviseure des Cahiers du journalisme repère dans les articles reçus ici, mais nuançons tout de même. D’abord, l’existence de ces chiffres est à l’honneur des sciences plus ou moins exactes, si l’on considère qu’à ma connaissance de telles quantifications n’existent guère en sciences sociales. Dommage… Ensuite, le record de 50% d’inconduites scientifiques, celui qui me rassurait tant, a été relevé par des chercheurs qui n’observaient que le mésusage flagrant de leur propre travail. Le chiffre de 25% pourrait donc être une estimation plus plausible. D’où l’on conclura que 75% sont probablement justes. Mais tout de même…

Pour l’essentiel, les fredaines des blouses blanches s’expliquent par les mêmes motivations qu’ailleurs : le désir de conforter à tout prix sa propre position, mais surtout la paresse. Les virtuoses du microscope n’étant pas forcément des passionnés de lecture, l’habitude s’est prise chez beaucoup d’entre eux de recopier purement et simplement des « revues de littérature » (la partie initiale où l’on expose les théories et résultats antérieurs) prélevées dans d’autres articles. D’où la reproduction en chaîne d’erreurs parfois hilarantes16, mais souvent inquiétantes : c’est sur cette base que peuvent s’orienter non seulement les recherches suivantes, mais aussi les diagnostics médicaux…

En conclura-t-on qu’au bout du compte, les professionnels de la recherche et ceux de l’information ne sont pas plus crédibles que la masse des têtes folles qui jacassent sur internet ? Pas du tout : en proportion de tout ce qu’ils écrivent, le premier et le second groupe (en principe dans cet ordre) sont infiniment plus fiables que le troisième. Pas de quoi se vanter : leur métier est justement de l’être, ce qui rend la légèreté d’une partie d’entre eux un peu plus dérangeante.

Le dur marché de la notoriété

Mille pardons aux dictionnaires en ligne : au fond, leurs crottes sur le trottoir valaient bien mieux que des crottes servies comme du caviar. Car dans l’univers des médias comme dans celui de la recherche les citations sont bien du caviar, en tout cas quelque chose de très précieux.

Chez les journalistes, la question est si importante qu’ils l’ont gravée dès le départ dans la doyenne des chartes déontologiques francophones (celle du SNJ en 1918) : « Un journaliste digne de ce nom […] cite les confrères dont il reproduit, dans la forme ou dans l’esprit, un texte quelconque. » C’est la mesure du succès : les bons coups se reconnaissant au fait que les autres journaux les mentionnent le lendemain, si possible verts d’envie. On ne fait pas ça pour vendre du papier, on le fait pour être cité. Peu importe la qualité de votre enquête, un scoop n’en est un que si les confrères le remarquent.

Rien de comparable n’agite bien sûr la sereine tour d’ivoire où niche la sagesse universitaire : là-bas c’est bien pire. La citation est au chercheur ce que l’argent est au financier. Sauf qu’on en dépense généralement plus que l’on n’en récolte, mais c’est quand même le nerf de la guerre des idées. Le grand public ignore qu’il existe même une bourse pour ça, le Science Citation Index (SCI). Les institutions avaient coutume d’y mesurer la valeur de chaque scientifique. Elles ont un peu diversifié leurs critères, car celui-ci était singulièrement biaisé17, mais les citations restent l’objet de toutes les convoitises. On est allé jusqu’à analyser – qui plus est dans une revue scientifique de premier plan – l’activité savante comme une gigantesque « foire aux vanités » (vanity fair)18 :

Vous ne devenez pas universitaire pour être riche. Pas plus que la satisfaction de la curiosité ne suffit à faire de vous un chercheur réussi. Vous ne vous intégrez vraiment à la communauté scientifique qu’en recevant de l’attention de vos pairs. Obtenir ce « revenu » d’attention est un motif premier […] Pour le maximiser, vous devez employer votre propre attention de la façon la plus productive.

Une foire aux vanités ? Humm… C’est plutôt bien observé, mais il ne faudrait pas que le bruit se répande. J’entends déjà mes proches : « Ça te va comme un gant. » Tant pis, assumons. C’est bien sur ce marché que je tiens ma petite boutique. Elle est très loin de rivaliser avec les stands géants de ceux qui y accaparent des dizaines d’emplacements de choix, mais par rapport à d’autres, ça pourrait être pire. La moitié des travaux de recherche ne seraient jamais cités affirmait même une étude en 1990. Beaucoup moins que ça, corrigèrent des recherches ultérieures, mais quand même pas mal. Surtout si l’on compte aussi les articles qui ne sont cités qu’une ou deux fois. « Quand on se compare, on se console » disait… laissez tomber.

Avouons-le aussi, mon budget d’attention, quoiqu’un peu trop diversifié, se doit d’être productif. Il divise froidement les œuvres de l’esprit en deux catégories principales : les possiblement citables, pour lesquelles il me faut une édition paginée, et les autres, pour lesquelles un epub me suffira amplement (mais elles nécessitent en plus une chaise longue et surtout du temps libre…). Je gère cet investissement avec une certaine générosité, mais sans dilapider : pour un récent ouvrage, j’avais même fixé arbitrairement à 500 références (dûment paginées) la limite entre la saine érudition et le pédantisme éhonté. Bon, tout bien recompté il s’avère que je l’ai légèrement dépassée, mais j’apprécierais que nul n’en tire de conclusion hâtive.

Les gens aussi me sont fondamentalement de deux espèces : ceux qui me citent, que ce soit en bien ou en mal19 (ou en bien, mais mal20) et le reste de l’humanité, qui peut m’intéresser quand je sors de mon bureau.

Réduite à sa logique de base, c’est une activité assez simple à comprendre. L’ennui, c’est que si on la réduit encore plus, elle commence à ressembler déplaisamment à celle des post adolescents avides d’abonnés ou de likes sur les médias sociaux. Arrêtons-nous juste avant. Oui, chercheurs, journalistes ou bavards numériques de tout poil, nous sommes pareillement dans le business de l’attention, mais nous n’y sommes pas tout à fait de la même façon et nous ne mendions pas la même qualité d’attention.

Et puis nous, les vrais professionnels, savons au moins qu’une citation sans contexte vérifiable doit toujours, toujours, être considérée comme fausse jusqu’à preuve du contraire21. Ou nous devrions le savoir : ça aussi, c’est simple.

Il reste tout de même un grave problème. Que faire de toutes les charmantes formules soudain privées de leur père putatif ? Qui serait assez cruel pour précipiter ces orphelines dans le néant ? Mesure-t-on en outre le trou lugubre qu’elles laisseraient dans notre patrimoine ? Ivre d’abnégation, voilà ce que j’ai trouvé : je me dévoue pour les adopter toutes. Sauf « quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver », qui risquerait de se chamailler avec ses camarades22. Mais je serai un père pour les autres. D’ailleurs, je n’ai jamais rejeté une citation qui m’était prêtée23. J’accueille tout le monde. Attribuez-les moi donc sans crainte, ça restera notre secret.

Bertrand Labasse est professeur à l’Université d’Ottawa et professeur invité à l’ESJ Lille.



1

« Militer pour le journalisme », La Presse, 22 novembre 2022.



2

Voir les pages 21-22 et 183 de la traduction Berni, pas toute fraiche… mais facile à trouver en ligne.



3

Ma traduction, étant faite de mémoire dans le feu de l’argumentation, avait peut-être pris un soupçon de liberté avec la formulation initiale. Rien qui transgresse les normes usuelles de transposition d’un énoncé littéraire (ni son sens ni son style n’en étaient le moins du monde affectés). Mais tout de même… je tremble depuis lors qu’elle ne se retrouve un jour dans un recueil de citations en ligne et de là dans tous les autres. Avis à tous : Anaïs Nin avait écrit « les choses… », pas « le monde ». C’est pareil, je sais. Mieux, en fait, mais quand même…



4

Soulignons-le une fois pour toutes : on peut rarement être certain qu’une citation fausse l’est effectivement. Comme disaient (selon Google) Michael Crichton, Michel Jouvet, William Cowper, ou encore Carl Sagan et, tiens, je vais y ajouter Céline Dion et le commandant Cousteau, « une absence de preuve n’est pas une preuve d’absence ». Il va donc sans dire que je réhabiliterai sans barguigner tout adage pour lequel on me fournirait une date d’édition et un numéro de page vérifiables.



5

Plus précisément, son personnage dans Kaamelott aurait sans doute pu le dire si la série avait duré assez longtemps.



6

« Disruption, piège à cons ». Les Cahiers du journalisme - Débats, 2(2), 2018, p. D35-D43.



7

Impatience qui pourrait aussi s’expliquer par l’incapacité embarrassante de la revue à paraître au moment prévu…



8

En principe, les deux devraient plus ou moins coïncider, mais l’imprimeur de notre diffuseur, ne connaissant que le sage rythme de production des ouvrages universitaires, rechigne à presser le pas.



9

Les Décodeurs, « La fausse citation attribuée à Schopenhauer par Jean-Marie Bigard » [en ligne] lemonde.fr, 02.12.2020.



10

Ou votre adresse internet à l’extrême rigueur, mais là on parle plus d’actualité que d’érudition, sinon ça revient plus ou moins à élire domicile dans une tente de camping. Un exemple ? Avant de mentionner niaisement le « point Godwin » popularisé par les réseaux sociaux, on gagnerait à s’intéresser au concept de « reductio ad Hitlerum » évoqué par Léo Strauss, non pas d’abord en 1951 puis en 1953 (page 42, c’est la dernière ligne en bas) comme on le dit ici et là - c’est déjà mieux que rien, d’ailleurs je l’ai aussi cru dans le passé -, mais bien dans la seconde des six conférences Walgreen, intitulée Natural Right and the Distinction Between Facts and Values, qu’il a données à l’Université de Chicago à l’automne 1949. On le trouve page 25 de la transcription complète (slnd) que j’ai sous les yeux. Ceci dit, il ne l’avait pas encore habillé en Romain, n’évoquant que « the reduction to Hitlerism. » (p. 25, je viens de le dire !)



11

« Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective "business", soyons réalistes : à la base, le métier de TF1… » En somme, le propos (d'ailleurs publié dans un livre de gestiona) se réduisait à la banalité suivante : considérée d’un point de vue économique, une télévision commerciale vit fondamentalement de la publicité.
    a Je ne préciserai pas la page : ceux qui citent ça n’ont qu’à aller chercher la référence et son contexte dans le livre d’origine ou, mieux, dans le mien.



12

Toute cette anecdote me vient de Journalisme et mésinformation (1991, p. 316) : le signaler présente le double avantage de payer ma dette, mais aussi de transférer à son auteur, Andreas Freud, l’entière responsabilité de son exactitude. C’est l’autre intérêt des citations…



13

Lequel, incorrigible, a également raté l'occasion de dire « Tuez-les tous, Dieu reconnaitra les siens ».



14

Ni économique, il me semble, mais on sort du sujet.



15

Ole Wæver et Barry Buzan. "Racism and responsibility –The critical limits of deepfake methodology in security studies", Security Dialogue, vol. 51 n°4, 2020, p. 386-394.



16

Dans un cas célèbre, un mot du titre a été confondu une première fois avec le nom de l’auteur, avant que cette référence ricoche d’article en article. Comme il signifiait « dysenterie» en polonais, le docteur Colique a par la suite été abondamment cité dans la littérature scientifique.



17

Le choix des revues dépouillées ou non favorise outrageusement les travaux anglophones et les sciences expérimentales.



18

Georg Franck, « Scientific Communication: A Vanity Fair? », Science, vol. 286 n° 5437, 1999, p. 53–55.



19

Les détracteurs avoués sont hélas trop rares pour satisfaire mon esprit combatif, mais qu’ils sachent que je ne les aimerai pas moins, l’important étant de citer.



20

On m’a par exemple attribué, dans une revue que je respecte fort, un ouvrage traitant de la « société de consommation », de laquelle je ne me suis guère préoccupé contrairement à la « société de l’information » qu’évoquait en effet mon sous-titre. Pas grave du tout, en ce qui me concerne : c’est l’intention qui compte.



21

Cette chronique est dédiée à l’excellente Isabelle Hachey, qui sait pourquoi.



22

Les tests ADN prouvent d’ailleurs que son vrai père est le dramaturge Hanns Johst, mais comme c’était tout de même un nazi, un placement en adoption reste souhaitable.



23

Y compris celle (par un journal français) dont je ne comprends toujours pas ce qu’elle veut dire au juste et celle (par un canadien cette fois) que j’avais effectivement proférée lors d’un entretien détendu, mais dont je pensais bêtement que la verdeur préviendrait la reproduction dans un quotidien aussi distingué.






Référence de publication (ISO 690) : LABASSE, Bertrand. Cité à comparaître. Les Cahiers du journalisme - Débats, 2022, vol. 2, n°8-9, p. D71- D81.
DOI:10.31188/CaJsm.2(8-9).2022.D071


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